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Prison ferme pour des militants : la condamnation qui choque l’extrême droite

Condamnation retentissante dans le paysage politique français : six membres du groupe d’ultradroite Action des forces opérationnelles (AFO) viennent d’être condamnés à de la prison ferme pour association de malfaiteurs terroriste, après avoir préparé des actions contre la communauté musulmane. Retour sur un verdict qui fait l’effet d’un pavé dans la mare… voire d’une couscoussière explosive.

Un procès sous haute tension

Le mardi 30 septembre, le tribunal correctionnel de Paris a tiré le rideau sur une affaire hors-norme qui secouait depuis des mois les instances judiciaires et l’opinion publique. Six hommes, âgés de 39 à 76 ans, ont écopé de deux ans d’emprisonnement ferme. Non pas pour une banale altercation, mais pour avoir fomenté et préparé de véritables actes dirigés « à l’affrontement avec la communauté musulmane » lors de réunions organisées par l’AFO. Leur crime ? Association de malfaiteurs terroriste.

L’originalité (et peut-être la relative clémence) du verdict : la peine se purgera à domicile, sous bracelet électronique. Mais attention, ce n’est pas tout : le même tribunal a également infligé une peine d’un an de prison ferme ainsi que cinq peines d’emprisonnement avec sursis à six autres prévenus, dont trois femmes. Quatre autres, relaxés de l’association de malfaiteurs terroriste, n’en ont pas fini avec la justice puisque trois d’entre eux devront aligner des amendes pour détention illicite d’armes.

Des profils atypiques pour un projet rêvé cauchemardesque

Parmi les têtes d’affiche de cette sombre distribution, on trouve :

  • Guy Sibra (72 ans), présenté comme le fondateur du groupe,
  • Bernard Sorel (76 ans), chef de la cellule Ile-de-France,
  • Daniel Raimbault (39 ans), ex-militaire recruté pour ses connaissances en explosifs.

On dit souvent qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre… mais il semble qu’il n’y ait pas d’âge non plus pour tremper dans des entreprises terroristes.

Ces hommes ne sont pas seuls dans ce casting hétéroclite : antiquaire, téléopérateur de nuit, consultant en ressources humaines, restaurateur, artisan, comptable, chômeur, enseignant en lycée… Les plus radicaux s’étaient choisis des pseudonymes dignes d’une mauvaise série : « Phoenix », « Attila », « Flamme », « Richelieu »… Et tout cela, appuyé par l’arsenal découvert lors des perquisitions : armes à feu, munitions à gogo.

Des projets violents méthodiquement préparés

Le décor est posé : une « organisation hiérarchisée et structurée » selon la juge antiterroriste, qui avait convoqué ce procès en août. L’AFO planifiait des « actions violentes concrètes dans des lieux symboliques ». Remercions le surréalisme des projets pendus sur la table en 2017 et 2018 :

  • Tuer 200 imams radicalisés,
  • Prendre pour cible le rappeur Médine ou le prédicateur Tariq Ramadan,
  • Lancer des grenades dans « les voitures des Arabes »,
  • Faire exploser une couscoussière à distance (moins pour le couscous que pour l’effet de panique),
  • Dissimuler des femmes du groupe sous niqabs pour empoisonner de la nourriture halal en supermarché à la mort-aux-rats,
  • Faire sauter la porte d’une mosquée à Clichy-la-Garenne et y poster des tireurs à longue distance…

Éloquence glaçante ou folie furieuse ? Le tribunal n’a pas tranché sur le style, mais sur la gravité.

Un contexte inflammable

Le procès est survenu sur un terreau particulier : l’explosion des actes antimusulmans en France. Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, la période janvier-mai 2025 a vu ces actes bondir de 75 % par rapport à 2024 (145 contre 83), avec, principalement, une hausse affolante des atteintes aux personnes : +209 %, de 32 à 99 faits.

Dans son ordonnance, la juge s’appuyait sur l’analyse du Parquet national antiterroriste pour rapprocher l’AFO d’une idéologie complexe, où se mêlent l’assimilation du terrorisme djihadiste à l’islam en général, la peur du « grand remplacement », une vision décliniste de la France et un survivalisme flirtant dangereusement avec l’accélérationnisme.

Conclusion : Vigilance, justice et lutte contre toutes les dérives

Face à ces dérives explosives, le président du tribunal aura eu cette phrase cinglante à l’adresse des condamnés : « Vous êtes tombés dans le piège du terrorisme en répondant à la terreur par la terreur. » Ainsi va la justice : la fermeté sans l’aveuglement, et la mise en garde contre la spirale de la violence, qu’elle vienne d’où elle veut. C’est peut-être là, le point final qui devrait interpeller tout citoyen attaché à la sérénité du débat public.

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