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L’Hijrah du Cœur : Se Sacrifier pour une Soumission Plus Grande à Dieu

Le mois de Zulhijjah est profondément associé à deux événements majeurs dans la tradition islamique : le Hajj et le sacrifice, appelé également al-Udhiyyah ou Qurban. Chaque année, lors de l’Aïd al-Adha, les musulmans du monde entier commémorent la remarquable histoire de l’obéissance exceptionnelle du Prophète Ibrahim (paix sur lui) à la volonté d’Allah, notamment la directive divine de sacrifier son fils bien-aimé, Ismail (paix sur lui).

Ce commandement divin fut scrupuleusement obéi par Ibrahim, même si, au final, le fils partagé entre lui et son Seigneur fut remplacé par un mouton. C’est ce dernier qui fut immolé à la place d’Ismail (PSL).

Cet événement historique recèle d’enseignements et d’impacts remarquables qui résonnent encore fortement avec notre réalité contemporaine. Il ne s’agit pas simplement d’une incitation à pratiquer le sacrifice ou le Qurban, mais aussi d’une leçon portant sur les qualités et les valeurs incarnées par Ibrahim et son fils, notamment la soumission totale, la sincérité et la foi sincère.

En effet, à travers l’acte de Qurban, nous sommes rappelés de l’importance de renoncer à nos désirs personnels pour obéir à Allah et pour le bien collectif. Cet acte symbolise également la dévotion, la sincérité et le sacrifice dans notre vie quotidienne.

Au-delà de l’histoire elle-même, le récit du Prophète Ibrahim (paix sur lui) nous invite à une réflexion profonde pour aller au-delà de l’acte matériel de sacrifice. Sa narration nous inspire à puiser dans la force spirituelle, l’humilité et l’engagement dont il a fait preuve, tout en embrassant la sagesse éternelle que cette histoire véhicule.

Le commandement divin de sacrifier son fils fut plus qu’un simple récit historique : il est devenu un symbole puissant d’abnégation et de soumission. Il nous enseigne la nécessité d’abandonner la raison personnelle au profit de la guidance divine.

Ce sacrifice implique notamment de renoncer à nos attachements personnels pour obéir pleinement à Allah. Il traduit la soumission de la faculté de raisonnement à la révélation divine, illustrée par le fait de laisser de côté ses propres arguments lorsqu’Allah ordonne.

L’histoire nous montre la disposition à renoncer à nos propres projets et désirs, si cela est requis par une volonté supérieure. Elle nous pousse à lâcher prise de ce que nous chérissons le plus lorsque la justice, l’obéissance et l’intérêt collectif l’exigent.

Ce récit puissant nous rappelle que chaque serviteur d’Allah doit développer des qualités essentielles : la sincérité dans le sacrifice, une obéissance totale, et le courage de se détacher de ses attaches personnelles pour plaire à Allah. Il nous invite aussi à réfléchir sur notre réelle volonté de sacrifier ce qui nous est le plus cher, pour le bien des autres et pour Allah.

Sommes-nous prêts à abandonner nos arguments les plus solides, nos croyances profondément ancrées et nos possessions accumulées, si l’obéissance et la justice le demandent ?

En résumé, l’Aïd al-Adha ne se limite pas simplement à l’acte rituel de l’abattage d’un animal. Il s’agit également d’un sacrifice intérieur : celui de l’ego, le renoncement aux attachements mondains et personnels, et la valorisation des valeurs éternelles qui façonnent l’identité musulmane.

Dans la solennelle mémoire de cet immense sacrifice, rappelons-nous également d’un autre legs méconnu mais fondamental de Ibrahim (paix sur lui) : sa prière sincère afin que lui et ses descendants deviennent des établisseurs de la prière. Allah rapporte cette supplication dans la Sourate Ibrahim (14:40) :

_ »رَبِّ اجْعَلْنِي مُقِيمَ الصَّلَاةِ وَمِن ذُرِّيَّتِي رَبَّنَا وَتَقَبَّلْ دُعَاءِ »_

_ »Mon Seigneur, fais de moi l’un des personnes qui établissent la prière, ainsi que de ma descendance. Notre Seigneur, accepte ma supplication. »_

Ce verset révèle la préoccupation profonde d’Ibrahim, non seulement pour sa propre foi, mais aussi pour l’avenir de sa lignée. Il montre que le sacrifice physique doit toujours être associé à une connexion spirituelle profonde avec Allah, notamment par la prière, qui constitue la colonne vertébrale de la force intérieure et un lien quotidien avec le Divin.

Cette prière traduit donc la préoccupation d’Ibrahim pour la persévérance de ses descendants dans l’adoration et la fiabilité dans la foi. Elle nous interpelle au regard de notre rôle de parents, d’éducateurs et de responsables communautaires : avons-nous transmis à nos enfants l’habitude de prier ? Avons-nous intégré cette supplication dans nos pratiques familiales ?

L’acte du sacrifice extérieur, impliquant la consommation de temps, de richesses et de désirs, se conjugue avec l’acte intérieur de prière, qui consiste à sacrifier la négligence, la complaisance et les distractions, afin d’assurer un cœur toujours connecté à Allah.

Ces deux actes—le sacrifice matériel et la prière—sont comme deux héritages complémentaires de Ibrahim : le premier témoigne de la soumission corporelle, la seconde de l’engagement spirituel durable. La vie a toute sa signification lorsque nous honorons ces deux dimensions, tant dans notre vie personnelle que familiale.

En accomplissant les rites du sacrifice, renouvelons aussi la prière d’Ibrahim, en faisant en sorte que la prière devienne une pratique profondément enracinée dans nos foyers et nos communautés. La véritable essence du sacrifice ne se résume pas à l’abattage, mais implique aussi un acte intérieur : celui de tuer l’ego, d’abandonner les désirs mondains et de raviver la conscience divine dans nos existences.

Autrement dit, l’acte de Qurban représente la soumission physique, celle de nos possessions, de notre temps et de nos désirs. La prière incarne la dévotion intérieure, la lutte contre l’insouciance et la distraction, en conservant le cœur attaché à Allah.

En tant qu’éducateurs, parents ou membres de la communauté, nous devons méditer : avons-nous placé la prière au centre de nos vies et de celles de nos enfants ? Avons-nous incarné la discipline, la concentration et la dévotion qu’elle exige ?

Tout comme lors du sacrifice, renouvelons la prière d’Ibrahim (paix sur lui) dans nos foyers et nos institutions, car le véritable sacrifice ne consiste pas seulement à tuer un animal, mais à tuer l’ego, à se soumettre à la volonté divine, et à raviver la conscience de Dieu au quotidien.

Enfin, à l’aube de la nouvelle année hijri, 1447 H, nous sommes également invités à méditer sur la signification du Hijrah, c’est-à-dire la migration. Celle-ci ne se limite pas à une simple transition physique, mais implique aussi une transformation spirituelle et mentale.

Le Hijrah moderne consiste en un parcours d’amélioration et de transformation de soi, un déplacement de l’obscurité vers la lumière, de la négligence à la conscience de Dieu, du laisser-aller à la productivité. Il nous invite à peaufiner toutes nos dimensions—physique, intellectuelle, émotionnelle, financière et spirituelle.

À partir du récit de la dévotion d’Ibrahim et de ses supplications, il devient impératif de se munir d’une grande préparation et d’acquérir les compétences nécessaires pour évoluer, afin d’être de meilleurs serviteurs d’Allah, de plus responsables dans la famille et la société, et de mieux contribuer à l’intérêt collectif.

En cette nouvelle année hijri, renouvelons notre engagement à l’amélioration de soi et au développement familial. S’engager à bâtir de meilleures relations avec nous-mêmes, notre entourage, notre environnement, nos responsabilités et, surtout, notre Créateur.

Que cette nouvelle année soit porteuse de renouveau, de sincère réflexion et d’une conscience accrue d’Allah dans toutes nos actions.

Professeur Abd Rahman, spécialiste en psychologie industrielle et organisationnelle à l’Université Islamique Internationale de Malaisie, souligne que :

« La quête vers le perfectionnement personnel et familial doit être au cœur de nos préoccupations, en particulier à l’aube de cette nouvelle année. »

Ses domaines de recherche incluent le développement de carrière, le changement dans l’éducation supérieure, le comportement organisationnel, la culture académique et l’employabilité des étudiants.

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