Le 12 juin 2025, le vol AI171 d’Air India, un Boeing 787-8 Dreamliner, a perdu la vie dans un accident tragique impliquant 241 personnes à bord. Un seul survivant a été recensé parmi les passagers et l’équipage.
Il s’agissait du tout premier accident mortel impliquant un Dreamliner, un appareil que Boeing avait longtemps présenté comme « le plus sûr et le plus avancé » du ciel. Pourtant, il y a à peine un an, un ingénieur de Boeing tirait la sonnette d’alarme, mais ses avertissements n’ont pas été pris au sérieux.
Le lanceur d’alerte réduit au silence
En avril 2024, l’ingénieur de Boeing Sam Salehpour a témoigné devant le Congrès américain en lançant un avertissement glaçant :
« Il existe de graves défauts dans la manière dont le 787 est fabriqué. Les pièces du fuselage ne sont pas assemblées correctement. À terme, cela pourrait entraîner une défaillance catastrophique. »
Ses affirmations étaient précises. Il décrivait comment des ouvriers sautaient sur les sections d’avions pour les ajuster, sous la pression de Boeing qui lui aurait ordonné de se taire, l’aurait transféré et aurait même réagi de manière punitive à son encontre.
Salehpour a déclaré : « Ce n’est pas une culture de sécurité. C’est une tentative de dissimulation. »
Il faisait référence tout particulièrement au modèle 787 Dreamliner — celui-là même qui a connu cette semaine sa chute tragique.
Était-ce ce à quoi il nous avait alertés ?
Les enquêteurs examinent encore les débris de l’avion AI171. Jusqu’à présent, leurs investigations portent principalement sur des problèmes de train d’atterrissage, de configuration des volets et de couple des moteurs. À ce stade, aucune mention officielle n’établit un lien direct avec un échec structurel ayant causé le crash.
Cependant, la vérité dérangeante demeure : Salehpour avait mis en garde contre une défaillance structurale progressive. Or, l’avion qui s’est écrasé était âgé de plus de dix ans.
Une coïncidence ? Peut-être. Mais compte tenu de ces mises en garde, peut-on encore se permettre de les ignorer ?
Boeing nie, mais les fissures apparaissent
Boeing a systématiquement rejeté les accusations de Salehpour, affirmant que le modèle 787 respecte toutes les normes de sécurité. Pourtant, ce crash s’inscrit dans une série de scandales récents touchant la société :
- En janvier 2024, un dispositif de verrouillage de porte du Boeing 737 MAX 9 a été projeté en plein vol.
- Des lanceurs d’alerte internes dénoncent une culture de la sécurité brisée.
- La FAA a lancé plusieurs enquêtes officielles. Un ancien responsable qualifia même la situation de disguise criminel.
Si une entreprise reçoit autant d’alertes concernant différents modèles, peut-elle continuer à affirmer qu’il ne s’agit que de malchance ?
Ce n’est pas seulement une question d’avions, mais de pouvoir
Lorsqu un ingénieur décide de parler, mais se voit ignoré, transféré ou menacé, cela dépasse le simple contexte professionnel. C’est le signe d’un problème systémique.
Quelle est la portée de nos réactions — celles des régulateurs, des médias et du grand public — lorsque l’on ne prend en compte les avertissements qu’après qu’il y a eu des morts ?
Dernappel d’embarquement
Le crash du vol AI171 d’Air India pourrait être plus qu’une tragédie. Il représente peut-être un tournant, le moment où des avertissements négligés deviennent réalité.
Si, en continuant à privilégier la rapidité et le profit au détriment de la sécurité et de la vérité, nous laissons passer ces signaux, alors Sam Salehpour ne sera pas le dernier à être réduit au silence.
Et ce ne sera pas le dernier accident à survenir.