La vidéo intitulée « Gérer votre argent et l’économie halal avec Harris Irfan » aborde les défis rencontrés par les musulmans face aux banques traditionnelles et explore des alternatives conformes à la réglementation islamique. Harris Irfan y évoque la finance éthique, le partage des risques, et le potentiel du Bitcoin, en mettant en avant l’importance de l’indépendance financière et la nécessité d’aligner les pratiques avec les principes islamiques.
Introduction à l’économie halal et enjeux des banques traditionnelles
Harris Irfan commence par souligner les préoccupations que suscite le système bancaire classique chez les musulmans, notamment l’interdiction de ribba (les intérêts) en Islam. Il insiste sur le fait que les musulmans doivent agir en tant que regroupement économique uni et gérer leurs finances selon leurs principes religieux. Le conférencier évoque aussi l’importance historique d’une économie tangible, tout en critiquant les dérives telles que le financement perpétuel des guerres et la création monétaire excessive. Expert en finance islamique avec une expérience étendue en banque d’investissement et en conseil, Irfan partage ses perspectives pour aider les musulmans à mieux gérer leur argent dans le monde occidental et présente des options alternatives à la banque conventionnelle.
Le système de réserve fractionnaire et d’autres formes de finance islamique
L’intervenant explique le concept de réserve fractionnaire, précisant qu’il s’agit de la création de monnaie ex nihilo, une pratique souvent mal comprise. Il met en lumière des alternatives issues de la fintech, opérant selon un modèle participatif. Parmi celles-ci, des entreprises comme Fer, spécialisée dans le financement immobilier, et Cod Capital Market pour le financement du commerce, qui respectent davantage les principes islamiques en permettant aux prêteurs et emprunteurs de partager un intérêt commun en tant que partenaires.
Respect de la charia et finance éthique
Ir fan aborde la conformité des banques islamiques avec la charia, mentionnant que certains produits financiers ont été jugés « halal » par des érudits. Cependant, il invite à approfondir la réflexion sur les enjeux du système économique mondial et le modèle islamique. Pour lui, rechercher un système économique meilleur constitue une forme de jihad. Il prône une finance éthique qui respecte la charia, sans que cela devienne nécessairement une étiquette. La compatibilité de la finance islamique avec la législation anglaise, les défis liés à la fiscalité, ainsi que l’aspect spirituel, sont aussi évoqués : la recherche du profit n’est pas interdite si elle est faite pour plaire à Allah.
Richesse en Islam et notion de risque
Irfan insiste sur le fait que la richesse, selon l’Islam, n’est pas mauvaise en soi. Il cite les Sahaba (compagnons du prophète Muhammad ﷺ) qui étaient riches et utilisaient leur richesse pour le bien commun via le commerce et l’entraide. Selon lui, ce n’est pas le profit qui est condamnable, mais la manière dont on acquiert et utilise ses ressources. Il explique que la notion de risque en Islam est prédestinée, mais que la façon dont on gagne et utilise ses revenus peut influencer la bénédance (Baraka) dans la vie. Il critique aussi la dette à intérêts et encourage les jeunes à faire carrière dans la finance afin de comprendre le secteur et d’appliquer ensuite les principes islamiques dans l’économie.
Expérience dans l’industrie et distinction entre économie réelle et économie financière
Irfan recommande de d’abord acquérir une expérience dans les institutions financières classiques avant de se lancer dans la finance islamique. Il conseille de passer entre deux et cinq ans pour développer ses compétences dans des banques de renom, afin de contribuer efficacement à la révolution de la finance islamique. Il distingue l’économie réelle, constituée de biens et services tangibles, de l’économie financiarisée, souvent caractérisée par l’abstraction et la finance sans support physique. Pour lui, l’économie islamique doit privilégier la tangibilité, créant une correspondance directe entre transactions financières et biens ou services réels.
Partage des risques et critique du système financier
Ir fan défend un modèle de partage des risques basé sur l’engagement dans l’économie réelle. Il critique le rapport maître-esclave souvent observé entre les emprunteurs et les banques classiques, estimant que prendre des risques dans une optique d’amélioration sociale constitue une forme d’adoration. Il critique également l’industrie des services financiers pour son investissement dans des projets socialement inutiles ou douteux, stimulés par une masse monétaire gonflée qui favorise le gain rapide plutôt que l’investissement à long terme.
Inflation, Bitcoin et autonomie financière
La vidéo aborde aussi les causes de l’inflation et la crise du coût de la vie, qu’Irfan relie à la croissance de la masse monétaire suite à la crise financière 2007-2008. Il critique la manipulation monétaire, mais voit dans le Bitcoin une alternative potentielle, en raison de sa stabilité algorithmique et de sa résistance à la manipulation. Bien que prudent, il pense que le Bitcoin pourrait respecter les principes islamiques et servir de couverture contre l’instabilité financière.
Stratégies d’investissement et pouvoir du dollar musulman
Irfan propose différentes stratégies d’investissement, notamment via des Fonds négociés en bourse (ETF) axés sur des thématiques comme la technologie ou les énergies renouvelables, pour diversifier et limiter le risque tout en visant une croissance à long terme. Il déconseille les produits dérivés et la spéculation à effet de levier. Il insiste aussi sur l’importance de l’éducation financière et de l’indépendance économique pour la communauté musulmane. Il évoque l’impact des mouvements de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) sur des sociétés au Moyen-Orient, au Pakistan ou en Malaisie, illustrant ainsi le pouvoir du dollar musulman. Il encourage la communauté à agir collectivement économiquement pour renforcer leur influence politique et sociale.
Soutenir la communauté et conclusion
Dans la dernière partie, Irfan insiste sur la nécessité de se soutenir mutuellement au sein de la communauté, notamment en investissant dans des initiatives telles que l’éducation ou les médias pour les jeunes. Il souligne l’importance de faire circuler l’argent dans l’économie locale et de créer un écosystème propice à la croissance et à l’autonomisation.
Harris Irfan est directeur général de Cordoba Capital, un cabinet basé à Londres spécialisé en conseil en finance islamique. Avec plus de vingt ans d’expérience en banque d’investissement, notamment au Royaume-Uni et au Moyen-Orient, il a cofondé l’équipe de finance islamique de Deutsche Bank et été responsable mondiale de la finance islamique chez Barclays. Auteur de l’ouvrage « Heaven’s Bankers », il apparaît régulièrement dans les grands médias. Il détient un diplôme en physique de l’Université d’Oxford.






