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Foi plutôt que peur : La véritable puissance de l’Ashura

Réflexion sur le Khutbah par le Dr Omar Suleiman

Dans cette khutbah empreinte de force, le Dr Omar Suleiman invite la communauté musulmane à aller au-delà des commémorations superficielles de la Journée d’Ashura, afin de saisir toute la portée de sa signification contemporaine comme une leçon vivante du pouvoir divin, de la lutte, de la soumission et de la clarté spirituelle.

1. Ashura : un jour de sens, pas seulement de souvenir

Le Dr Suleiman commence en rappelant que la journée d’Ashura, qui tombe le 10 du mois de Muharram, comporte une grande récompense spirituelle – le jeûne ce jour étant une expiation pour une année de péchés. Cependant, il insiste sur le fait que ce jour ne se limite pas à la récompense ou à une nostalgie : il est profondément ancré dans la résistance historique, la délivrance divine et la clarté morale.

Il rappelle que le jour d’Ashura est celui où Moïse (Moussa) et son peuple ont été sauvés de la tyrannie du Pharaon. À Medina, lorsque le Prophète ﷺ apprit que les tribus juives jeûnaient ce jour-là, il affirma avec conviction : « Nous sommes plus proches de Moïse qu’eux. »

Mais Ashura marque aussi le jour où l’imam Husayn, petit-fils du Prophète ﷺ, fut martyrisé à Karbala, en s’opposant à l’oppression. Ces deux récits ne sont pas déconnectés : ils forment une guidance continue, vivante pour l’aumône et la lutte pour la justice.

2. Ashura ne se résume pas à la nostalgie – c’est une réalité du présent

Le Prophète ﷺ et ses compagnons ne jeûnaient pas par simple admiration distante de Moïse. Ils vivaient eux-mêmes la lutte de Moïse. Après leur migration vers Médine, ils avaient tout laissé derrière eux, poursuivis par la Quraysh comme Pharaon poursuivait Moïse.

Un an après leur premier jeûne d’Ashura, ils remportèrent la victoire à Badr. Mais un an plus tard, ils subirent une grande perte à Uhud. À travers ces épreuves, les compagnons associaient l’histoire de Moïse à leur propre lutte pour la justice, la vérité et la confiance divine.

Ainsi, Ashura n’est pas une date à fêter sentimentalement ; c’est une lentille à travers laquelle nous observons notre propre état, nos défis et notre foi.

3. La victoire se définit par la soumission, pas simplement par le résultat

Le Dr Suleiman explique que la véritable victoire selon Allah ne se limite pas toujours au succès extérieur. Les martyrs d’Uhud, bien que tués lors du combat, sont heureux auprès d’Allah et se considèrent victorieux. Ils n’en veulent pas à ceux qui ont commis des erreurs – comme les archers qui ont descendu trop tôt – car ils ont soumis leur volonté au plan divin.

Cette soumission n’est pas une défaite ; c’est la plus haute forme de maturité spirituelle, celle où l’on peut dire : « Qu’Allah choisisse pour moi, je suis satisfait. »

4. Quatre histoires illustrant la puissance de la soumission

Le Dr Omar partage quatre récits prophétiques montrant comment l’intervention divine dépasse souvent la logique humaine :

A. Moïse (as) et la Mer Rouge

Devant la mer, avec un ennemi derrière et l’océan devant, le peuple doutait. Pourtant, Moïse confia avec foi : « Mon Seigneur est avec moi ; Il me guidera. » Allah divisa la mer – un miracle – car il ne se limite pas à la logique ou à la nature humaines.

B. Nuh (Noé) et l’Arche

Noé construisit une arche gigantesque sur un terrain sec, sous un ciel dégagé. Les gens se moquaient. Mais le déluge arriva – de dessous la terre, et non des nuages – brisant une fois de plus les attentes.

C. Ibrahim (Abraham) et le feu

Lorsque Ibrahim fut jeté dans le feu, Allah ne l’éteignit pas, mais changea la nature du feu : « Ô feu, sois frais et paisible pour Ibrahim. » Le feu brûla, mais Ibrahim resta indemne : un test de soumission à une sagesse invisible.

D. Imam Husayn (RA) et Karbala

Malgré un plan précis, Husayn fut trahi, abandonné et martyrisé dans sa poursuite de la vérité. Mais il remporta la victoire ultime du martyre. Allah ne modifia pas la loi de la nature, mais la signification de sa mort devint immortelle – un symbole de résistance face au faux, quel que soit le prix.

5. Dua : Ne pas adorer la chance

Le Dr Suleiman insiste sur la puissance et l’intention derrière la supplication. Beaucoup croient seulement faire des dua dans la limite du raisonnable, ce qui revient à une forme d’athéisme pratique : penser qu’Allah ne peut faire plus que ce que la raison permet. Il avertit que si votre dua est limité par la logique, vous n’appelez pas vraiment Allah, mais la probabilité.

Il nous exhorte à dépasser la pensée matérialiste, en croyant qu’Allah est le Maître de tous les moyens, au-delà de toutes les chances, et celui qui peut réécrire le destin.

6. Soumission n’est pas défaite

Il existe une distinction fondamentale entre se soumettre à la volonté d’Allah et être vaincu par les événements :

– La soumission, c’est faire confiance. Comme Ibrahim face au feu ou Moïse à la Mer Rouge.
– La défaite, c’est le désespoir. Comme ceux qui abandonnent avant même d’avoir essayé.

Si Allah vous choisit le martyre, louange à Lui. Si c’est la survie et la lutte continue, louange à Lui aussi. Quoi qu’il en soit, votre victoire ne repose pas uniquement sur le résultat, mais sur votre confiance et votre effort.

7. Leçons pour aujourd’hui

Le Dr Suleiman conclut en faisant un parallèle avec le contexte actuel, qu’il s’agisse de la Palestine, de trials personnels ou d’injustice. Il insiste pour :

– Rejeter le désespoir.
– Taisez les voix intérieures de peur et de doute.
– Jeûner Ashura non par nostalgie, mais par lien avec la lutte pour la vérité.
– Faire des dua avec certitude, pas par calcul.
– Ne jamais perdre confiance en la puissance d’Allah, même lorsque le monde se moque de vous.

Il rappelle que nos cœurs doivent rester pleins de foi comme ceux de Moïse, Ibrahim, Husayn et Muhammad ﷺ.

« Nous devons voir à travers les rires des oppresseurs et le doute des sceptiques. Nos cœurs doivent rester aussi pleins de foi que ceux de Moïse, Ibrahim, Husayn et Muhammad ﷺ. »

Prière finale

Puisse Allah renouveler notre foi en ces jours sacrés, renforcer notre confiance dans Sa sagesse, et accorder à notre communauté la victoire sur tous les odds apparemment impossibles.

Ashura n’est pas une nostalgie. C’est un alignement divin. C’est une foi vivante.

> Alhamdulillah.

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