Troubles familiaux, migraines qui persistent, mauvais œil ou soupçon de sorcellerie ? Non, vous n’êtes pas dans un film d’horreur, mais bien en France, où les exorcismes islamiques connaissent une progression aussi discrète qu’inquiétante. Plongée dans un univers méconnu, où la quête de guérison tourne parfois à la dérive dangereuse.
Une médecine prophétique sous le signe de la clandestinité
Loin des projecteurs et des cabinets médicaux traditionnels, une pratique s’est développée ces dernières années dans l’ombre : celle de la « médecine prophétique musulmane ». On l’appelle roqya, et elle prétend soulager toute une ribambelle de tourments, des plus physiques aux plus psychiques : migraines récalcitrantes, épisodes dépressifs, relations tumultueuses, voire l’emprise supposée du mauvais œil ou de la sorcellerie. Lorsque, comme le dit un slogan évocateur de l’un de ces centres d’exorcisme en Île-de-France, « les conseils des amis et l’amour d’une famille sont impuissants », alors la roqya serait censée devenir indispensable.
Ce centre prône une « autoguérison » grâce à la « confiance en Allah » et distille des vidéos aux prêches radicaux. L’inquiétude des autorités croît à la lecture des ouvrages promus, comme ce savoureux Le Sabre tranchant contre les sorciers malfaisants. Car derrière la vitrine spirituelle, ces instituts se multiplient, souvent sans contrôle ni transparence.
Quand la quête spirituelle flirte avec le danger
Là où le bât blesse, c’est que les dérives, parfois meurtrières, ne sont pas de simples légendes urbaines racontées à la veillée. Les autorités constatent régulièrement que, sous couvert de rigorisme, les pratiques exorcisantes s’accompagnent de méthodes violentes et de pressions psychologiques.
- Des séances se déroulant dans la plus grande clandestinité
- Des rituels où la notion d’autoguérison vire à l’emprise sectaire
- Des discours appuyés par des contenus radicaux, loin de toute nuance
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s’était penchée, dès 2019, sur le sujet. Bilel Ainine, chercheur au CNRS, avait alors été mandaté pour enquêter sur le développement de ces installations. Il alertait déjà sur les risques de « dérives sectaires sous couvert de pratiques rigoristes en Islam ». Las, la dissolution de cette mission indépendante a laissé ses travaux inédits, ajoutant à l’opacité du phénomène.
Pas de confusion avec les exorcismes catholiques
Certains pourraient être tentés de comparer ces pratiques à l’exorcisme catholique, mais il y a là une différence de taille. Dans l’Église catholique, il n’est ni question d’argent de gourou ni de tortures physiques ou mentales ; la prise en charge du problème est, elle, plurielle et encadrée. Un point de repère à méditer pour éviter l’amalgame facile.
Distinguer pratique traditionnelle et dérive ésotérique
Autre confusion possible, mais tout aussi trompeuse : la ventouse, ou cupping en anglais. Une technique médicale ancienne que l’on pratiquait déjà en France — on pouvait scarifier pour traiter des maladies pulmonaires ou appliquer des cataplasmes. Mais ici, rien d’ésotérique ou de spirituellement sulfureux : il s’agissait d’une médecine empirique, loin des sombres rituels évoqués précédemment.
- Technique ancienne et médicale
- Rien à voir avec l’exorcisme ou la sorcellerie
- Absence d’approche ésotérique dans le cadre historique français
Faut-il s’inquiéter ? L’évolution du phénomène incite à la vigilance. Entre volonté d’autoguérison sincère et emprise de discours radicaux, chacun doit se montrer attentif, se renseigner… et, pourquoi pas, préférer une bonne vieille tisane ou une oreille attentive à des pratiques obscures !






