Peut-on grandir en se sentant différent sans que cela freine nos rêves ? Sania Halifa, actrice au destin fulgurant révélée par « Hawa » de Maïmouna Doucouré, incarne l’espoir contagieux d’une génération qui refuse les cases et la résignation. Quand la caméra s’allume, elle prouve en beauté qu’en dépit d’une peau diaphane, tout est possible. Suivez le guide…
Une révélation au cinéma : la magie Sania Halifa
Parmi la jeune garde du cinéma français, Sania Halifa fait son entrée remarquée grâce à son tout premier grand rôle dans « Hawa », le film de Maïmouna Doucouré, aux côtés de la diva malienne Oumou Sangaré. Étonnamment, la barre était haute dès le casting : « Pour décrocher le rôle d’Hawa, il fallait avoir un physique atypique ou être albinos », explique-t-elle avec franchise. C’est via un groupe Instagram, où elle papotait avec d’autres jeunes porteurs d’albinisme, qu’elle découvre cette opportunité.
Elle se prête alors au jeu de cette histoire singulière : Hawa, ado de 15 ans, vit en France avec sa grand-mère griotte, Maminata. La mamie, malade, n’a plus beaucoup de temps. Alors, Hawa se lance dans une quête folle : convaincre Michelle Obama, rien que ça, de devenir sa mère adoptive. Bref, l’espoir a un visage, et c’est celui de Sania.
Un film, un message, mais pas de réponses toutes faites
Le choix de Maïmouna Doucouré n’a rien d’un hasard. Après « Mignonnes », la scénariste franco-sénégalaise réaffirme sa volonté de donner la lumière à des personnalités atypiques et de s’affranchir du moule de l’acteur professionnel. Ici, pas question de prononcer le mot « albinisme » à l’écran. Sania insiste : « Il était très important qu’on ne prononce pas ce mot ».
Ce parti pris laisse le spectateur dans le flou : pourquoi cette enfant grandit-elle seule avec sa grand-mère, loin de son pays natal ? La cause serait-elle la couleur de sa peau ? Le film survole ces destinées, préférant interroger sans jamais répondre, faisant naître un sentiment intriguant chez le public. Sania l’affirme : « Le but du film est de soulever de nombreuses questions et de ne pas donner de réponses, de se concentrer sur le ressenti. » Plus qu’une quête de vérité, il s’agit ici de réveiller l’audace tapie chez chacun, cette étincelle qui pousse à tenter l’impossible, comme Hawa tentant de rejoindre la famille Obama.
Derrière Hawa, une jeune femme solaire et sereine
Sania Halifa n’est pas Hawa, loin s’en faut. À 17 ans, cette lycéenne en terminale S se questionne calmement : psychologie ou médecine après le bac ? Fille de parents comoriens et malgaches, elle a hérité d’une peau claire et d’une chevelure dorée, traits liés à son albinisme. Mais chez elle, pas de blessure à vif. « Je ne me suis jamais sentie seule, parce que j’ai un frère aîné albinos. J’ai eu un modèle, je savais que j’étais différente, mais je ne voyais pas ça comme une bizarrerie. J’ai été éduquée avec l’idée que ce n’était pas un frein dans la vie. »
Sania se dit chanceuse : aucune brimade grave à l’école. Certes, depuis son exposition sur les réseaux sociaux, elle a goûté à la grimace acide de certains internautes (Twitter est parfois la jungle d’un mauvais Disney). Mais elle relativise : ces attaques n’ont pas entamé sa confiance car elle s’était déjà « construite ».
Malgré tout, les regards insistants ne lui sont pas étrangers : « Pourquoi te regarde-t-on comme ça ? », lui demandent ses amis de lycée. Aux Comores ou à Madagascar, c’est pareil ; elle se souvient « des gens qui la montraient du doigt, la prenaient pour une poupée qui marche » lors d’une visite dans son enfance.
Quand expérience et fiction font écho
Sans expérience dramatique majeure avant « Hawa » – juste un passage express dans un court-métrage –, Sania campe ici un personnage complexe, isolé, hanté par la perte d’un repère familial. Elle-même ne s’est « jamais retrouvée enfermée dans les toilettes de l’école », contrairement à la fiction, mais a puisé dans les témoignages poignants d’autres jeunes albinos pour comprendre cette difficulté. Quant à la peur de perdre sa mère, c’est d’une universalité désarmante : « On s’est tous déjà dit : et si ma maman mourrait là, tout de suite ? »
- Une jeunesse connectée et soutenue, qui partage ses expériences.
- Un cinéma qui ose donner la parole à ceux que d’habitude on voit peu… ou pas du tout.
- Une actrice lucide, engagée et inspirante pour tous ceux qui doutent d’eux.
Tout est possible, dit le titre. À la lumière de Sania Halifa et de « Hawa », le message prend tout son sens : n’ayez pas peur d’oser ou d’être différent, c’est dans la singularité que fleurissent les plus belles aventures.






