Un rapport d’enquête a soulevé de sérieuses inquiétudes quant à l’action disproportionnée de la police et au ciblage administratif des musulmans à Bareilly, dans le nord de l’Inde, à la suite d’une manifestation pacifique de soutien au prophète Mahomet ﷺ.
Le rapport, publié le 10 octobre par l’Association pour la protection des droits civils (APCR), révèle qu’au 7 octobre, 4 505 musulmans à travers l’Inde ont été interpellés et au moins 265 arrêtés, dont 89 dans la seule ville de Bareilly.
Leur crime présumé était d’écrire « I Love Muhammad », une référence au Prophète Muhammad (psl), sur des affiches, des t-shirts ou dans des publications sur les réseaux sociaux, ce qui, selon les autorités, menace « l’ordre public ».
La manifestation a été organisée par Maulana Tauqeer Raza Khan, un éminent religieux de Bareilly, dans le but déclaré de lancer un appel aux autorités locales dans le cadre de la campagne « J’aime Muhammad ». Selon l’APCR, le rassemblement s’est déroulé dans un cadre entièrement pacifique.
« Aucun slogan n’a été lancé, aucun vandalisme n’a eu lieu et il n’y a eu aucune violence. C’était simplement une démonstration de dévotion au prophète Mahomet ﷺ », indique le rapport, notant que des manifestations similaires dans le passé s’étaient terminées sans incident.
Pourtant, la police aurait réagi en utilisant la force avec des matraques, des arrestations massives et le déploiement de forces paramilitaires, notamment la gendarmerie armée provinciale (PAC) et la Force de réponse rapide (RRF).
La réponse policière agressive a été menée dans les zones à majorité musulmane. Les autorités ont également suspendu les services Internet pendant 48 heures, perturbant ainsi les entreprises locales et renforçant la peur au sein de la communauté.
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La communauté musulmane touchée par la répression policière
Deux jours après la manifestation, l’administration a fermé 32 magasins du marché Mazaar Pehalwaan, une propriété enregistrée du Waqf (n° 383). L’équipe d’enquête a constaté que l’action avait été prise sans préavis ni documentation, malgré une ordonnance de suspension permanente du Tribunal Waqf.
L’un des commerçants concernés a déclaré aux enquêteurs : « Nous n’avons reçu aucun avertissement. Ils sont venus de force, ont fermé nos moyens de subsistance et sont partis. C’est une punition pour avoir simplement soutenu notre Prophète ﷺ ».
Les avocats impliqués dans l’affaire ont décrit cette décision comme une violation des procédures régulières et une tentative d’intimidation de la communauté musulmane. Ils ont souligné que la propriété est toujours bloquée dans des affaires judiciaires en cours, mais que les autorités ont quand même pris des mesures non autorisées de leur propre chef.
Le rapport de l’APCR a également documenté des cas d’arrestations illégales, de nombreux détenus n’ayant pas reçu de copies du premier rapport d’information (FIR), un document qui indique à l’individu pour quelles accusations il a été arrêté.
Dans plusieurs cas, la police aurait récupéré des personnes à leur domicile tard dans la nuit sans en informer leurs familles.

L’équipe d’enquête a également reçu des plaintes selon lesquelles des mineurs étaient détenus, sans que l’on sache où ils se trouvaient et sans accès à un avocat. Un avocat a déclaré : « Même nous, en tant que représentants légaux, n’avons pas eu accès aux dossiers. C’est comme si l’État de droit avait été suspendu pour les musulmans. »
Punition collective
Le rapport souligne que la répression témoigne d’un « modèle de punition collective et de préjugés institutionnels ». Alors que les localités musulmanes ont été fortement patrouillées et ciblées, les zones voisines à majorité hindoue ne seraient pas touchées.
L’APCR a noté que d’éminentes personnalités de la communauté, des religieux et des militants ont également été visés par des mesures administratives. Parmi les personnes arrêtées figurait le Dr Nafis Khan, membre du comité de gestion local du Waqf et associé de Maulana Tauqeer Raza Khan.
La présence policière reste importante dans les quartiers à majorité musulmane, tandis que les familles des détenus sont aux prises avec des obstacles juridiques et des difficultés économiques.
Un habitant local a déclaré aux enquêteurs : « Nous sommes allés montrer notre amour au Prophète ﷺ, mais maintenant nos fils sont en prison, nos magasins sont fermés à clé et nos voix sont réduites au silence. Est-ce que c’est de la justice ? »
Les droits des musulmans menacés
L’incident de Bareilly s’inscrit dans un schéma plus large, a prévenu l’APCR, dans lequel les musulmans sont confrontés à une punition collective pour avoir affirmé pacifiquement leur identité religieuse. En revanche, les rassemblements dans d’autres contextes sont souvent tolérés, voire soutenus par les autorités.
Les observateurs des droits de l’homme affirment que la répression soulève des questions troublantes sur la liberté d’expression religieuse et l’égalité de protection de la loi en Inde.
Comme le résume un avocat : « L’État doit choisir s’il fera respecter la justice ou s’il continuera à traiter une communauté comme un suspect permanent. »
La situation à Bareilly reste tendue, avec une présence policière continue et des appels croissants à la transparence et à la responsabilité de la part des autorités de l’État.






