Pourquoi chiites et sunnites s’opposent-ils ? Voici la vérité méconnue
À chaque fois que l’on évoque l’islam, cette question revient, presqu’aussi tenace qu’un refrain de chanson d’été : d’où vient la division entre chiites et sunnites ? Si vous avez toujours trouvé cela aussi mystérieux qu’un épisode de série non sous-titré, accrochez-vous : on démêle ici le vrai du faux, avec pédagogie et sans prise de tête !
L’islam, une religion mondiale aux racines profondes
Avec ses 1,6 milliard de fidèles, l’islam occupe une place de choix parmi les grandes religions du monde. Proche du judaïsme et du christianisme, il partage avec elles le statut de religion monothéiste du Livre. Sa référence fondatrice ? Le Coran, qui fait autorité pour tous les musulmans. Né au VIIe siècle sous l’impulsion de Mahomet, l’islam s’est étendu du Moyen-Orient à la planète entière, traversant siècles, frontières… et tempêtes historiques.
Une fracture fondatrice : la succession de Mahomet
Le premier grand bouleversement survient après la mort de Mahomet, dernier prophète de l’islam, en 632. Dès lors, une question cruciale agite la communauté : qui va prendre le relais ? Deux camps émergent.
- Les chiites désignent Ali, gendre et cousin du prophète, jugeant que les liens du sang priment.
- Les sunnites, largement majoritaires, choisissent Abou Bakr, compagnon de Mahomet et figure respectée.
Concrètement, cette divergence va poser les bases de deux modes d’organisation religieuse :
- Côté chiite, on mise sur l’hérédité du Prophète : le clergé tire son autorité directement de la lignée de Mahomet, donnant à l’élite religieuse un rôle de médiateur puissant entre Dieu et les croyants.
- Côté sunnite, on privilégie une approche plus collective, où la communauté des fidèles participe au choix des « guides » ou imams.
Voilà pourquoi, encore aujourd’hui, l’organisation du clergé diffère tant d’un courant à l’autre.
Chiites et sunnites : des pratiques communes et des différences qui comptent
Il ne faut pas croire pour autant que tout les oppose. Les deux branches partagent l’essentiel : la foi dans le Coran, reconnu comme parole de Dieu. Mais la pratique religieuse présente quelques variations, notamment autour de la prière, appelée « salât », l’un des cinq piliers de l’islam.
Du côté sunnite, la tradition s’articule autour du Coran, mais aussi de la Sunna : recueil des paroles et gestes du Prophète, transmis via les hadiths et devenus pour beaucoup le « mode d’emploi » de la vie religieuse.
Côté chiite, minoritaire (environ 15 % des musulmans, surtout en Irak et en Iran), on souligne l’importance d’un clergé investi d’une autorité forte, et l’on célèbre également le culte des douze imams, considérés comme successeurs spirituels de Mahomet.
Quand vient le moment de prier : chacun s’accorde sur le nombre – cinq par jour – mais accorde des détails différents à certains gestes :
- Chez les chiites, on ne se lave pas l’intérieur des oreilles lors des ablutions (on pourrait dire que c’est un tout petit gain de temps !).
- Quand ils prient, les mains peuvent rester pendantes le long du corps en position debout.
- Et, détail caractéristique, les chiites utilisent une tablette de terre pour que leur front l’effleure en se prosternant.
La prière rapproche donc, mais n’efface pas tout à fait les différences.
L’identité chiite : rituels et mémoire
Le chiisme se distingue aussi dans ses rites et sa mémoire collective. L’exemple le plus marquant ? L’Achoura. Il ne s’agit pas ici d’une fête anodine, mais de la commémoration poignante du massacre de l’imam Hossein, petit-fils de Mahomet, à Karbala. Cette tragédie résonne, pour les chiites, un peu comme la crucifixion du Christ pour les chrétiens : un drame fondateur de leur identité. Chaque année, la mémoire d’Hossein est ravivée lors de cérémonies où l’autoflagellation rappelle la douleur du sacrifice.
Bon à savoir aussi : si les chiites ne forment qu’une minorité, ils sont particulièrement présents en Irak et en Iran, et leur communauté compte de multiples courants internes.
Conclusion : au-delà des rivalités, la diversité
Vous l’aurez compris, l’opposition chiites-sunnites ne date pas d’hier. Au fil des siècles, elle s’est ancrée par une histoire, des rituels, et des différences d’organisation qui perdurent. Pourtant, c’est aussi cette diversité, souvent mal connue, qui compose la richesse de l’islam dans le monde. La prochaine fois que le sujet revient sur la table, vous aurez de quoi briller… et, qui sait, peut-être désamorcer quelques clichés sur la question !






