À l’heure où chaque rapport crée l’émoi, la publication du document intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France » le 21 mai n’a pas fait exception. Mais sous la surface du débat, l’islam de France continue, loin du tumulte des polémiques, à chercher sa propre voie. Car entre clichés, peurs injustifiées et réalités de terrain, se joue une histoire bien plus riche qu’il n’y paraît…
Le choc du rapport : des mosquées injustement pointées du doigt
Sorti le 21 mai, ce fameux rapport n’a pas tardé à déchaîner les passions. Associatifs et religieux se sont sentis concernés, pour ne pas dire émus, par le risque que court la réputation de mosquées pourtant parfaitement intégrées dans le tissu social français. En cherchant à débusquer d’hypothétiques influences idéologiques étrangères, le texte s’expose à un reproche de taille : jeter l’ombre du soupçon sur des lieux de culte qui sont, en réalité, solidement enracinés dans la société française. Rien de plus, rien de moins.
Des mosquées bien françaises… et bien vivantes
Il est peut-être temps de rappeler une évidence trop souvent oubliée : les mosquées aujourd’hui visées par le rapport n’ont rien d’installations sorties de nulle part. Elles sont construites, financées et animées par des citoyens français. D’ailleurs, chaque jour, elles accueillent des fidèles français, contribuant très activement à la vie de leur quartier ou de leur ville.
Les mosquées, on l’oublie parfois, ce n’est pas seulement un lieu où l’on prie. Elles incarnent :
- Des espaces de socialisation et d’entraide,
- Un soutien concret aux personnes les plus vulnérables (parfois bien plus rapide qu’un formulaire Cerfa),
- Un pilier de l’éducation et du dialogue interreligieux,
- Et, point non négligeable, une force de prévention contre les dérives radicales.
Leur implication ne se limite pas à de belles paroles : elles sont guidées par un engagement solide, structuré, et, surprise, profondément rattaché aux valeurs républicaines. Souvent, elles travaillent main dans la main avec les autorités locales et les services de l’État, dans un souci réel de responsabilité partagée.
Le modèle du Conseil des mosquées du Rhône
Envie d’un cas concret ? Le Conseil des mosquées du Rhône, fondé en 2019, a su tirer son épingle du jeu et s’attire les regards au niveau national. Son action rayonne bien au-delà de son département, tant il incarne ce désir de renouveau pour la présence musulmane en France. Son credo ? Un islam apaisé, ouvert au dialogue, et solidement ancré dans le cadre républicain.
Parmi ses innovations, il fut l’un des premiers à lancer des formations continues pour les imams, en partenariat avec des institutions universitaires. Objectif : renforcer les compétences linguistiques, culturelles et théologiques de ceux qui jouent le rôle si délicat de passeurs entre foi et société.
Mais ce n’est pas tout : le Conseil se distingue aussi par son rôle dans la prévention de la radicalisation. Comment ? En promouvant d’abord un discours religieux critique vis-à-vis des lectures fondamentalistes. Mais aussi en valorisant une approche contextualisée des textes sacrés, histoire de rappeler que la foi, elle aussi, vit avec son temps. L’engagement citoyen n’est pas en reste : le Conseil soutient la participation musulmane aux événements républicains, à la vie associative locale, et encourage le dialogue interreligieux.
Cette méthode résolument inclusive tisse des liens solides entre communautés, institutions publiques et autres cultes, favorisant ainsi la cohésion sociale et ce fameux « vivre-ensemble » dont tout le monde parle.
Conclusion : Ni lois ni promesses, mais des actes au quotidien
À l’heure des généralisations et des raccourcis parfois confondants, il faudrait rappeler une leçon simple. L’islam de France cherche, non pas sa vraie voie dans les pamphlets ou les promesses, mais dans l’action quotidienne de ceux et celles qui, loin des projecteurs, œuvrent pour le bien commun. Alors, la prochaine fois qu’un rapport tombe, souvenons-nous de ce qui se construit patiemment, jour après jour, dans le cœur de nos villes : une réalité faite de dialogue, de solidarité, et de fidélité républicaine. C’est là, loin du bruit, que s’invente l’islam de France de demain.






