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Nagui brise le silence : “Je reçois chaque jour des lettres d’insultes”

Quand le rideau se lève sur les plateaux de télévision, on imagine des paillettes et des sourires… Mais il arrive que la réalité soit bien plus brute, et c’est Nagui, l’un des chouchous du petit écran, qui s’est retrouvé à dévoiler la face sombre de la notoriété. Samedi soir, invité d’ »On n’est pas couché » sur France 2, le célèbre animateur a ainsi choisi de briser le silence autour des multiples insultes racistes dont il est encore victime aujourd’hui. Entre anecdotes glaçantes et révélations sur une enquête controversée, retour sur une soirée aussi édifiante qu’inattendue.

Des lettres qui piquent, le quotidien insoupçonné de Nagui

Le coup d’envoi de cette émission marquée par l’émotion a été donné par une question apparemment anodine d’Aymeric Caron. Ce dernier s’interrogeait sur l’influence des origines orientales de Nagui dans son parcours médiatique. Réponse pince-sans-rire de l’animateur :

  • « Je reçois toujours, et encore aujourd’hui, des lettres d’insultes, des lettres racistes, des ‘retourne dans ton pays’, des ‘casse-toi’. »
  • « C’est drôle parce que j’ai des ‘casse-toi sale Arabe, sale juif, sale musulman’, on sait pas trop. »

De quoi provoquer un rire un peu gêné sur le plateau… Preuve s’il en fallait que la France du divertissement n’a pas toujours la peau aussi dure qu’on le croit face aux préjugés et à la bêtise ordinaire.

Le poids des origines : un atout ou une étiquette ?

À 54 ans, Nagui analyse avec recul le parcours qui l’a mené sous les projecteurs. Selon lui, ses racines égyptiennes n’ont jamais été un prétexte à se mettre en avant au nom d’une communauté :

  • Il n’a « jamais voulu être le faire-valoir d’une quelconque communauté »
  • Ses engagements sont restés « œcuméniques, sans aucune référence à aucune communauté », comme avec le Secours Populaire

De quoi rappeler qu’avant les cases et les “étiquettes”, il y a d’abord la mission de l’animateur, engagée sans frontières ni chapelles.

La révélation choc : une enquête dans les coulisses du service public

La surprise de la soirée : Nagui révèle alors qu’une chaîne de télévision a commandé une étude – à son insu – pour savoir si cela dérangeait les téléspectateurs « qu’un Arabe présente une émission à 19h ». Le résultat a fini par le rassurer : l’enquête était positive. Cependant, l’animateur n’en a eu vent qu’après coup, et la chaîne concernée – qui a d’ailleurs nié en bloc son existence et l’avoir commandée – n’était autre que France 2. Un « oui » timide, puis Nagui précise que ce n’est « pas là maintenant », prenant ainsi soin de dédouaner la direction actuelle du service public. Ambiance.

Des souvenirs tenaces : le racisme, une histoire qui dure

Ce n’est pas la première fois que Nagui subit de tels dérapages. Il se confie sur un épisode marquant de sa jeunesse, survenu avant la célébrité : il vient chercher sa petite amie serveuse dans un restaurant, mais le videur lui interdit l’accès, appliquant les « consignes » du patron des lieux, Ringo, ancienne gloire de la chanson. Malgré l’insistance, la réponse est sans équivoque :

  • « Non, je ne peux pas vous laisser entrer, j’ai toujours eu des problèmes avec les Arabes. »

Face à une telle scène, Nagui l’avoue : « Il n’y a pas cinquante réactions possibles », oscillant entre larmes et confrontation. C’est finalement sa compagne qui, dans un joli sursaut de dignité, démissionne sur-le-champ, laissant le patron avec ses préjugés. Une leçon de courage – et une preuve que face à l’intolérance, la résistance passe aussi par la dignité au quotidien.

Pour Nagui, continuer à témoigner n’a rien d’anodin. C’est dénoncer avec humour et recul une réalité pourtant brutale : même sous les projecteurs, personne n’est à l’abri des mauvaises “lettres”… mais chacun peut refuser de se laisser enfermer dans les cases des autres. Le message est passé, à nous de ne pas détourner le regard.

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