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La Grande-Bretagne met fin discrètement aux « vols d’espionnage » à Gaza

La Grande-Bretagne a discrètement interrompu ses vols de surveillance au-dessus de Gaza après la libération des otages israéliens – mettant enfin fin à plus de 500 missions secrètes menées depuis fin 2023.

Le ministère de la Défense (MoD) a confirmé la décision jeudi, affirmant que les vols avaient « atteint leur objectif » et étaient « uniquement chargés de localiser les otages ».

Mais les militants et les députés affirment que l’opération a soulevé de sérieuses questions sur le rôle de la Grande-Bretagne dans le génocide de Gaza.

Selon les données obtenues par Action contre la violence armée (AOAV) pour Royaume-Uni déclassifiéla Royal Air Force (RAF) a effectué au moins 518 missions de surveillance au-dessus ou à proximité de Gaza depuis décembre 2023.

Les avions, connus sous le nom de Shadow R1, étaient exploités par le 14e Escadron de la RAF Akrotiri à Chypre.

L’un des nombreux vols de surveillance britanniques de Chypre à Gaza (crédit, suivi des vols)

L’escadron, auparavant surnommé « Crusader Squadron », est spécialisé dans la surveillance électronique et le renseignement sur le champ de bataille.

Les vols se sont poursuivis pendant plus de 15 mois sous les gouvernements conservateur et travailliste.

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Environ 303 missions ont été autorisées sous Rishi Sunak et 215 sous Keir Starmer. Certains mois, jusqu’à 49 vols ont eu lieu, chacun durant jusqu’à sept heures.

Le ministère de la Défense insiste sur le fait que les avions étaient « toujours non armés » et « n’ont joué aucun rôle de combat ». Cependant, les données de vol montrent que les missions britanniques ont souvent coïncidé avec des attaques israéliennes majeures qui ont tué des centaines de civils.

En juin 2024, par exemple, la RAF a effectué 24 sorties au cours des deux semaines précédant l’attaque meurtrière israélienne contre le camp de réfugiés de Nuseirat, qui a tué au moins 274 Palestiniens.

Quatre otages israéliens ont été sauvés au cours de cette opération, mais on ne sait toujours pas si les services de renseignement britanniques ont été utilisés.

Une tendance similaire est apparue en février 2024, lorsque la RAF a effectué 15 missions de surveillance avant l’attaque israélienne sur Rafah qui a tué au moins 67 personnes.

Secret gouvernemental

Le gouvernement britannique a fait face à des appels répétés pour expliquer le véritable objectif de ces vols. Mais les ministres ont refusé de divulguer les détails, invoquant la « sécurité opérationnelle ».

L’ancien député Kenny MacAskill a demandé si les vols de reconnaissance de la RAF avaient enregistré des traces de charniers dans les hôpitaux de Gaza. Le ministère de la Défense a répondu que tous les vols étaient « uniquement destinés à localiser les otages ».

Avion de surveillance Shadow R1, qui aurait été utilisé par la Grande-Bretagne pour partager des renseignements avec Israël (Crédit : Wikimedia Commons)

Dans un autre cas, le député indépendant Imran Hussain a demandé des informations sur le coût et le nom de code des missions, mais s’est heurté au même refus catégorique.

Les critiques soutiennent que ce secret protège la Grande-Bretagne d’un examen minutieux et d’une éventuelle responsabilité en vertu du droit international.

Patrick Harvie, des Verts écossais, a accusé le Royaume-Uni de « participation active et de facilitation du génocide ».

Israël fait actuellement l’objet d’une procédure pour génocide devant la Cour internationale de Justice et d’accusations de crimes de guerre devant la Cour pénale internationale.

Des mandats d’arrêt ont été émis contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Si les renseignements provenant des avions britanniques étaient utilisés pour faciliter les frappes israéliennes, les experts juridiques affirment que le Royaume-Uni pourrait être complice au titre du Statut de Rome.

Un soutien accru

Malgré la suspension de ses vols, la Grande-Bretagne continue d’exporter des armes vers Israël. Un récent Actualités de Channel 4 L’enquête a révélé que les exportations d’armes britanniques vers Israël atteignent des niveaux records, avec plus de 300 licences actives.

Le Royaume-Uni a également admis devant le tribunal qu’« Israël n’est pas déterminé à faire respecter le droit humanitaire international ».

Pourtant, les opérations de surveillance se sont poursuivies tout au long des bombardements, et des vols ont même été enregistrés pendant les périodes de cessez-le-feu du début de cette année.

Le secrétaire à la Défense, John Healey, a salué le « professionnalisme » de la RAF et s’est dit « fier » du rôle joué par la Grande-Bretagne dans la récupération des otages.

Mais pour les Palestiniens, ces missions représentent un autre exemple de l’utilisation des services de renseignement britanniques pour renforcer la campagne militaire israélienne.

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