En sa qualité de vice-gérant ou représentant d’Allah sur terre, la finalité de l’homme consiste à établir, vivre selon, et défendre la vérité à tout prix. Ici, le terme « vérité » renvoie à la guidance révélée sous forme d’inspirations, de réponses, de principes et d’ordonnances destinés à orienter et modeler la pensée et le comportement humains.
Cela s’avère indispensable car, malgré le fait que l’être humain soit une créature extrêmement curieuse, résolue et inventive, il demeure limité par ses faiblesses intrinsèques et ses tendances animales. Ainsi, la trajectoire de la civilisation humaine a toujours été marquée par des luttes entre deux paradigmes représentant le ciel et la terre, la matière et l’esprit, ou encore les dimensions angéliques et sataniques de l’homme.
L’histoire, par conséquent, peut se résumer en deux grandes catégories : celle d’une nécropole d’échecs et de leurs protagonistes ou celle d’un réceptacle de triomphes et de leurs figures centrales. Autrement dit, l’histoire constitue soit un hall of fame, soit un hall of shame. Il semble que, dans les affrontements éternels entre la vérité et le mensonge, ou entre le bien et le mal, cette dernière a souvent eu le dessus durant de longues périodes.
Cependant, nul ne peut nier que tout cela s’inscrit dans le plan sage que Dieu Tout-Puissant a prévu pour Sa création. Le mensonge et ses soutiens sont souvent retardés pour une cause supérieure qui finira par se réaliser en temps voulu.
De ce fait, certaines des plus grandes empires ayant marqué l’histoire géographique et temporelle du monde laissent derrière elles des legs grandioses et illustres. Toutefois, cette croyance est une illusion. Leur véritable contribution se limitait principalement à un développement matériel, souvent associé à une puissance militaire puissante – généralement cruelle. En somme, leur parcours représentait la forme la plus sophistiquée d’auto-illusion. Ils menaient des vies diamétralement opposées à la vérité, ce qui, en fin de compte, conduisit à leur être définitivement ensevelis sous l’épave des forces de l’histoire en marche.
Le rôle des Enfants d’Israël et des Romains
Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour constater l’impact des legacies des Enfants d’Israël et des « puissants » Romains durant la période de renouveau de la vérité sous l’ère du second dernier prophète d’Allah : Jésus, fils de Marie.
Tant les Juifs étaient engloutis dans le mal et la manipulation de la vérité, que Jésus, qui ne leur était envoyé qu’à eux, n’eut d’autre choix que de porter un jugement catégorique à leur encontre. Il les désigna comme hypocrites, menteurs, trahisseurs de leur père Abraham, meurtriers de prophètes, et frères de Satan. Ayant observé de près les affrontements entre Jésus et les Juifs depuis le début, les Romains, dont la sphère géopolitique était au cœur de ces conflits, décidèrent de ne pas rester passifs.
Tant leur fascination pour la domination et la construction impériale était forte, les Romains participèrent activement à ces événements, tentant d’en gérer les répercussions religieuses et socio-politiques. La crucifixion et la mise à mort de Jésus, encouragées et facilitée par la trahison des Juifs, marquèrent le début d’un engagement romain.
Leur implication atteignit un sommet lorsque les Romains changèrent de camp et inventèrent une nouvelle religion étrangère aussi bien aux Juifs qu’à Jésus : le christianisme. Ils l’adoptèrent comme foi officielle et l’imposèrent, par l’épée autant que par des assurances trompeuses liées au paradis.
L’avènement du Prophète Muhammad
Il n’est pas étonnant que, lorsque le Prophète Muhammad – paix et bénédictions soient sur lui et sa famille – fut désigné comme dernier messager d’Allah, ou Sceau des prophètes, le monde sombrait dans le mensonge, la corruption et l’ignorance. La vérité, la lumière ou l’espoir semblaient absents partout, aussi bien individuellement que collectivement, sous forme de pensée, philosophie ou système.
La condition lamentable de la Ka’bah reflétait bien cet état mondial, étant la première mosquée sur terre établie pour promouvoir la vérité. En tant que pivot existentiel, la Ka’bah était devenue le symbole le plus reconnaissable de la raison d’être de l’humanité et de son destin religieux ultime.
Cependant, après l’arrivée du Prophète Muhammad et jusqu’à la quasi-fin de sa mission prophétique, la Ka’bah était méconnaissable en tant que centre monothéiste mondial. Elle portait la marque de divers ravages liés aux échecs spirituels et civilisationnels séculaires de l’humanité.
Son sanctuaire intérieur et extérieur était souillé par la présence d’environ 360 idoles représentant diverses idées fausses, standards et modes de vie. Sur ses murs intérieurs, on trouvait systématiquement des représentations d’anges comme filles de Dieu, des prophètes Ibrahim (Abraham) et Isma’il (Ismaël) comme enchanteurs pratiquant la divination, et Jésus comme le nouveau-né de Dieu assis sur les genoux de sa mère Marie.
Ce chaos, témoignant du déclin religieux et civilisationnel profond de l’humanité, montrait également que ses malheurs étaient si complexes et structurés qu’il n’y avait pratiquement aucune lueur d’espoir. Au contraire, seul l’obscurément dominaient les horizons.
La mission du Prophète Muhammad
Compte tenu de cette situation, la mission du Prophète fut double : purifier les archives les plus cruciales de l’histoire, rétablir la vérité historique, et préparer l’émergence imminente d’une époque brillante, centrée sur la vérité, que le monde allait connaître. Autrement dit, il s’agissait de restaurer la vérité religieuse et historique, afin de les maintenir comme référence pour les générations futures.
C’est pourquoi le Coran aborde régulièrement l’histoire, l’intimant à s’entrelacer subtilement avec les besoins du présent et les préparations pour l’avenir. Bien que cette méthode ait amené certains à penser à tort que le Coran n’est qu’un livre d’histoire, en réalité il sert de repère ultime et de source suprême pour toutes les questions historiques. Tout ce qui est critique en découle et doit y revenir pour validation.
Dans la vision islamique, vie et vérité sont indissociables. Tout dans l’existence est soit passé, soit à venir en tant qu’histoire. La vie apparaît ainsi comme l’arène pour découvrir et incarner la vérité, tandis que l’histoire sert de miroir pour juger si l’on a été fidèle à ses standards, menant à des legacies de succès ou d’échec.
Par conséquent, les musulmans ont toujours été d’excellents historiens, livrant une communauté engagée à établir, préserver et défendre la vérité à tout prix. Cela explique pourquoi certains parmi eux ont rapidement été reconnus comme pionniers dans les sciences de l’histoire, de l’historiographie et de la philosophie de l’histoire.
Des figures telles qu’al-Ya’qubi, al-Mas’udi, al-Tabari, Ibn Khaldun, Ibn Kathir, et Ibn al-Athir doivent être comprises comme des aboutissements de cette perspective islamique. Leur œuvre répond volontairement et méthodiquement aux injonctions coraniques concernant l’importance de joindre histoire et vérité.
Ce qu’ils ont accompli représente l’exercice de la confiance que leur a confiée leur foi musulmane. En somme, ces personnalités ont montré ce que signifiait être un musulman chargé de sauver ce qui peut encore l’être dans ce monde déchu. Et à ce jour, à part l’islam et son plan civilisateur, il n’existe toujours pas d’alternative valable ; et le temps presse.
La tragédie de Gaza en rappel
La tragédie sanglante, au seuil d’une catastrophe apocalyptique, qui se déroule en Gaza, perpétrée par l’État illégitime d’Israël et ses soutiens occidentaux menés par les États-Unis et le Royaume-Uni, sert de rappel brutal. Il est évident que les seules personnes encore considérées comme « normales » dans le monde actuel sont les musulmans, et que la majorité n’accorde pas la moindre importance à la vérité, surtout dans l’Occident institutionnalisé.
Il ne faut pas sous-estimer leur confusion face à la nature et à la localisation de la vérité, mais leur obstination à fermer l’oreille aux réalités évidentes – comme ce qui se passe à Gaza – est encore plus préoccupante.
Sans aucun doute, le relativisme religieux, moral et épistémologique de l’Occident, entraîné et dicté par les maux du post-modernisme, a vidé l’homme occidental de toute signification, beauté, but, conséquences, ou espoir.
Enlisés dans des cercles vicieux de superficialité et de dogmes post-modernistes, leur destin oscille entre une inutilité ontologique et un vide culturel. Il n’est donc pas surprenant que, dans ce contexte, voir les musulmans et leur islam comme la plus grande menace semble évident.
La catastrophe de Gaza ne se limite pas à ses victimes visibles ; l’Occident, dans sa myopie, ne peut la percevoir comme telle. En réalité, Gaza n’est qu’un symbole. Elle incarne un défi criant à la véracité objective. Étant donné que les musulmans sont perçus comme les seuls garants de cette vérité, eux et leur existence en deviennent la cible. Il n’est donc pas étonnant que Gaza symbolise une guerre non seulement contre l’islam et les musulmans, mais aussi contre la vérité, la raison, l’humanité, et toute conscience civilisée authentique.
L’ampleur de cette guerre à tous les niveaux des institutions occidentales, structurée habilement, suscite des inquiétudes profondes quant à la survie même du monde et à son avenir prospère.
On peut se demander combien d’églises ou d’universités en Occident ont officiellement reconnu que ce qui se déroule à Gaza est une tragédie humaine, un acte systématique de nettoyage ethnique, une violation flagrante des droits humains. Combien admettent que ce qui se passe constitue un génocide et un massacre barbare d’innocents ?
La réponse est sans équivoque : AUCUNE.
Cela implique que ces lieux et leur influence seraient complices des crimes commis. Contrairement à leur discours, ils sont plutôt des centres de mensonge, de confusion, de fraude, d’ignorance et d’obscurité. Leur prétendue connaissance, vérité ou enlightenment ne sont que des constructions vides, reflet de leurs penchants creux, façonnés par des images déshonorantes de leurs maîtres. Ils ont toujours cherché à bâtir des châteaux en Espagne, qu’ils projettent de distribuer au monde.
Mais la vérité est que ces plans ne sont que la continuation des actions passées de générations rebelles et de leurs comportements vis-à-vis de la vérité. Rien de nouveau. L’alliance du sionisme et de l’Occident dans la lutte contre la seule vérité qui réside dans l’islam et chez les musulmans s’inscrit dans une logique similaire à celle des alliances des Juifs avec les Romains, qui s’opposèrent à la vérité révélée par Jésus, aboutissant à la récupération du judaïsme erroné et à l’invention de la foi chrétienne encore plus fallacieuse.
L’analyse critique révèle que ces deux épisodes historiques incarnent le même esprit. La seule différence réside dans les acteurs, les contextes, et les détails scénaristiques, tandis que les objectifs, l’enthousiasme, la collaboration et les méthodes sont identiques.
Si aujourd’hui, les zélotes sionistes représentent des extrêmes déviants et marginaux par rapport à leurs prédécesseurs juifs, il en va de même pour l’Occident face à ses tendances coloniales et impérialistes héritées de l’Empire romain. Les traditions de défi à la vérité persistent.
L’objectif de l’islam : Établir la Vérité et Écraser le Mensonge
Dès la mission confiée au Prophète Muhammad – paix et bénédictions soient sur lui – de transmettre le message de l’islam au monde, le but fondamental de l’islam devint évident. Ni lui ni ses califes ou successeurs n’ont jamais perdu de vue cette finalité : établir la vérité.
Les treizes premières années difficiles de sa mission à La Mecque furent une tentative pour atteindre cet objectif. Mais face à une opposition farouche et bien organisée, leurs efforts s’avérèrent infructueux. La seule issue fut de changer d’environnement pour un avenir plus prometteur. C’est ainsi qu’eut lieu l’Hégire, ou migration, de La Mecque à Médine.
Médine s’imposa rapidement comme une alternative nécessaire. Cependant, les anciens ennemis de la vérité à La Mecque ne voulaient pas lâcher leurs plans machiavéliques. Leur obstination poussa le prophète et ses compagnons à leur premier engagement militaire, donnant lieu à deux batailles déterminantes dans l’histoire de l’islam : Badr et Uhud, respectivement lors de la deuxième et troisième année après l’Hégire.
Même si ces affrontements étaient de véritables conflits armés, engagés auparavant pour des intérêts tribaux, impérialistes ou exploiteurs, le Prophète et ses compagnons changèrent la nature de ces confrontations. Ils rejetèrent l’ère de la guerre basée sur des intérêts personnels ou territoriaux, et instaurèrent une culture nouvelle axée sur la bataille contre le faux par la vérité. La conquête des terres laissa place à celle des esprits et des cœurs, pour faire pénétrer la vérité et la « conquérir » de l’intérieur.
Dans le contexte de la bataille de Badr, Allah déclare sans ambiguïté : « Allah voulait établir la vérité par Sa parole et faire triompher le falsehood ; afin que Celui-ci périsse, même si les criminels détestent » (al-Anfal 7-8).
Quant à la bataille d’Uhud, son objectif était : « Jusqu’à ce qu’Il (Allah) sépare le bien du mal » (Alu ‘Imran 179).
Enfin, à la conquête de La Mecque, lorsque la ville fut ouverte à l’islam, cet événement marqua l’aboutissement de la mission prophétique, celle de renforcer une vérité qui ne serait plus jamais submergée.
Le Prophète lui-même confirma cette étape en annonçant que la vérité avait finalement triomphé, originant cet acte de purification de la Ka’bah des idoles et images fausses du monde entier : « Et dis : La vérité est venue, et l’erreur a disparu ; car l’erreur est, par sa nature, destinée à périr » (al-Isra’ 81).
Ce moment introduisit une nouvelle ère pour l’humanité, celle de la vertu et de la conscience civilisationnelle. Cette période pourrait être qualifiée d’ère islamique, porteur d’une civilisation durable, capable de se renouveler avec succès à plusieurs reprises.
Dans le contexte actuel, où aucune religion, idéologie ou système n’arrivent à soutenir une alternative viable face aux défis existentiels croissants, la solution évidente reste l’islam et ses trésors moraux, spirituels, rationnels et humanistes inépuisables. Il demeure sans conteste la réponse ultime.