Leur foi captive des millions : qui sont ces nouveaux influenceurs de l’islam ?
Ils débarquent sur les réseaux sociaux avec, en bandoulière, discours religieux et avis tranchés sur tout. Les prédicateurs en ligne, ces imams improvisés, séduisent aujourd’hui un public jeune et massif sur YouTube, Instagram ou TikTok. Mais derrière ce succès numérique, une question de taille se pose : qui leur a donné l’autorisation de parler au nom de la religion et d’orienter des millions de destinées ? Spoiler : personne. Et c’est là que le bât blesse…
Prédicateurs 2.0 : la parole religieuse débridée
Si vous pensiez que l’époque des discours religieux s’arrêtait à la mosquée, détrompez-vous ! Aujourd’hui, c’est sur les réseaux sociaux que la prédication explose. Certains autoproclamés « imams » usent et abusent de YouTube, Instagram et TikTok, s’adressant à une communauté toujours plus jeune, avide de repères et de conseils.
Mais là où le bât blesse – et pas qu’un peu ! – c’est que nombre d’entre eux ne disposent d’aucune formation théologique solide. Pas le moindre diplôme d’imam ni la trace d’études en théologie derrière leur caméra ou leur smartphone. Pour ces guides religieux sans légitimité formelle, il s’agit avant tout de convaincre, quitte à prêcher une vision de l’islam ultra-rigoriste.
Un islam rigoriste, version réseaux sociaux
Qu’entend-t-on exactement dans ces prêches digitaux ? Les discours varient mais l’esprit reste le même : moralisateur et intransigeant, à grands coups de consignes strictes à appliquer au quotidien. On peut ainsi entendre :
- Des recommandations sur le maquillage adressées aux jeunes femmes, comme « Ne pas mettre trop de maquillage pour être une bonne musulmane ».
- Des déclarations catégoriques, telles qu’on ne peut pas se dire musulman si l’on ne prie pas : « Si une personne qui se dit musulmane refuse de prier, elle est sortie de l’islam. Elle n’est pas muslim ».
Un ton coupant, qui laisse peu de place à la nuance ou au questionnement personnel. Proposition universelle : faites ceci, sinon vous ne valez pas cela. Et tout cela, livré en direct à des millions de jeunes qui en redemandent.
Tareq Oubrou tire la sonnette d’alarme
Face à cette lame de fond numérique, certains imams reconnus montent au créneau. Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, ne mâche pas ses mots : « C’est de la débilité. Ils confondent la pratique et la foi. Aucun théologien ne dirait à un musulman qui néglige la prière que c’est une faute. » Selon lui, ces prédicateurs propagent un discours de pure ignorance, allant jusqu’à « théoriser la marginalisation des musulmans ».
Pour Tareq Oubrou, le danger est double : d’un côté, ces prêcheurs ajoutent des obligations religieuses supplémentaires à des musulmans déjà confrontés à des défis d’intégration. De l’autre, cela risque de les éloigner de leur foi, tout en fragilisant leur vie sociale. Un cocktail explosif, surtout pour une jeunesse parfois en quête de repères identitaires et d’appartenance.
Quand les jeunes tombent dans le piège
Le grand imam de Bordeaux constate que certains jeunes sont terriblement réceptifs à ce genre de contenus. Ce phénomène de mode a tout d’un fléau, d’autant plus que ces « influenceurs » sans légitimité ni formation cumulent des millions d’abonnés.
- Discours sans nuance
- Recommandations strictes et excluantes
- Aucune caution théologique officielle
- Énorme audience auprès de la jeunesse
Avec autant d’ingrédients réunis, difficile de ne pas comprendre pourquoi certains responsables religieux s’inquiètent. La viralité de ces messages radicaux accentue la pression sociale et parfois l’exclusion, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté musulmane.
À retenir : À mesure que la parole religieuse se déplace sur les réseaux sociaux, il devient vital de rester lucide sur la légitimité de ceux qui la diffusent. Écoutez, questionnez, nuancez… Avant de suivre religieusement (sans mauvais jeu de mot) le premier venu. La foi mérite mieux qu’un like ou un commentaire…






