L’historien Roy Casagranda dénonce que la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis et Israël ressemble à une croisade moderne, profondément ancrée dans le colonialisme européen et le racisme. Selon lui, Israël doit être considéré comme un projet colonial européen soutenu par les puissances occidentales, utilisant la propagande pour dépeindre les Arabes et les Musulmans comme des menaces. Casagranda compare la hiérarchie raciale en Israël à l’apartheid et critique la profonde hostilité des États-Unis à l’égard des Arabes et des Musulmans. Il met en garde contre la montée possible d’une violence encore plus grande si la domination blanche continue de s’affaiblir à l’échelle mondiale. Cependant, il trouve de l’espoir dans la génération Z, les émergentes puissances mondiales, et le renforcement des échanges culturels.
1. Le paradoxe entre les États-Unis et l’Iran face à la fatigue de la guerre
- Les États-Unis nourrissent une hostilité envers l’Iran, mais contrairement à l’Irak ou l’Afghanistan, la puissance iranienne dissuade toute confrontation militaire directe.
- Casagranda observe : « On ne pouvait pas vaincre l’Irak ni gagner en Afghanistan — comment allez-vous battre l’Iran ? »
2. Les croisades modernes et leurs parallèles historiques
- Casagranda voit le découpage colonial du Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale (Sykes-Picot) comme une cinquième croisade.
- Il raconte qu’un général français aurait coupé la tombe de Saladin après la prise de Damas, en disant : « Saladin, nous sommes de retour. »
- Les Britanniques considéraient la prise de Jérusalem comme l’accomplissement d’un objectif inachevé de Richard Cœur de Lion.
3. Israël comme un projet colonial européen d’installation
- Israël est présenté comme une exportation européenne, dirigée par des Juifs ashkénazes qui reproduisent les hiérarchies raciales européennes.
- Le racisme interne en Israël reflète celui de l’apartheid : les Ashkénazes dominent, tandis que les Juifs mizrahis, sépharades et éthiopiens marginalisent.
- Israël interdit ou décourage l’usage de langues juives comme le yiddish et le ladino pour forger une identité plus « authentique » du Moyen-Orient.
4. Sionisme et Antisémitisme
- Casagranda affirme de manière provocante que plusieurs Zionistes américains sont motivés par l’antisémitisme : ils préfèrent que les Juifs vivent ailleurs (c’est-à-dire en Israël) plutôt qu’en Occident.
- Il décrit cela comme un scénario de « rêve d’Hitler » — en sorte que les Juifs soient évacués d’Europe et contraints de tuer d’autres Semites (les Palestiniens).
5. La propagande comme mécanisme de justification
- Israël a utilisé deux stratégies pour justifier ses actions après 1948 :
- Racisme — une tolérance occidentale pour valoriser la vie des Blancs par rapport à celles des populations racisées.
- Propagande — dépeindre les Arabes/Musulmans comme intrinsèquement antisémites.
- Même des attentats terroristes sous fausse bannière ont été montés pour alimenter la peur des Arabes.
6. La guerre contre le terrorisme comme la Sixième croisade
- Casagranda partage la vision selon laquelle la guerre contre le terrorisme constitue la Sixième croisade, une guerre civilisatrice contre l’islam.
- Il insiste sur la persistance de sentiments anti-musulmans et anti-arabes profondément ancrés dans la société américaine.
7. Une expérience personnelle du racisme
- Se remémorant une manifestation en 1991, une femme lui aurait dit : « Tu mérites de mourir comme les Irakiens. »
- Cette remarque lui a fait prendre conscience que les attitudes génocidaires contre les Arabes étaient socialement tolérées aux États-Unis.
8. Race, identité et colorisme
- Il relie le colorisme à l’Espagne chrétienne, où la couleur de peau était associée à la « pureté » religieuse.
- Cet héritage a façonné le racisme européen et a profondément influencé les attitudes coloniales envers les Arabes et les Musulmans.
9. Changement démographique et panique blanche
- La population blanche aux États-Unis diminue en nombre ; dans des États comme le Texas, les Blancs sont déjà une minorité.
- La montée de Donald Trump est considérée comme une réaction à ce déclin démographique, une ultime tentative de maintenir la suprématie blanche.
10. Évolutions géopolitiques et lueur d’espoir
- Casagranda voit un espoir dans :
- la génération Z, qu’il considère comme plus consciente mondialement et plus tolérante.
- L’Cercle du Golfe (GCC) et les économies émergentes d’Afrique.
- Un éventuel India post-Modi, qui reviendrait à un pluralisme démocratique.
- L’idée que le contact avec « l’Autre » diminue la haine, surtout dans les villes diversifiées contre l’isolement rural.
11. Conclusion : La fin de l’empire ?
- Il pense que nous assistons à la déclin violente de l’empire américain, suivant des patterns historiques.
- « Les empires tombent généralement violemment… Mon espoir est que les États-Unis n’entraînent pas le monde dans leur chute. »
Roy Casagranda est professeur de sciences politiques au Austin Community College, où il enseigne la science politique avec un accent sur le Moyen-Orient et l’impérialisme occidental. Titulaire d’un doctorat en études germaniques de l’Université du Texas à Austin depuis 2017, il est aussi un conférencier prolifique et un analyste médiatique. Fondateur de la série de conférences de l’École d’Austin, il s’exprime fréquemment sur les questions de race, d’empire et de politique mondiale.