Il y a environ quatorze siècles, le prophète Muhammad (PAIX SOUS LUI) a offert à l’humanité un document, renfermant des vérités universelles, parmi lesquelles celles mentionnées dans la Déclaration d’Indépendance.
Il s’agissait également d’une déclaration d’indépendance fondée sur des valeurs éternelles, mais destinée à toute l’humanité. Ce texte proclamait des droits et libertés universels, ainsi qu’un appel à la paix et à la sécurité universelles. Il exprimait la confiance universelle, un code éthique global, la dignité humaine, la liberté de pensée et d’expression. En résumé, ce document représentait une déclaration de la fraternité universelle de l’humanité. Ce texte s’appelle le Qur’ān. Peut-il servir de cadre constitutionnel pour toute l’humanité ? Peut-il sauver l’humanité d’une destruction qui semblerait être son destin ? Il en affirme audacieusement la possibilité.
Sous la guidance de notre prophète, le monde a été transformé, car on a accordé aux gens la liberté de développer leur potentiel humain. Même aujourd’hui, les historiens et philosophes s’émerveillent devant la rapidité avec laquelle des peuples initialement arriérés et barbares sont devenus parmi les plus avancés, les plus civilisés. Malheureusement, cependant, au fil du temps, au lieu d’être surpris, nous sommes perplexes de voir comment les générations musulmanes successives ont perdu cette gloire. La pensée indépendante s’est étiolée, remplacée par des individus centrés sur eux-mêmes.
Allama Iqbal insiste maintes fois sur l’importance de la réflexion indépendante. Par exemple, il déclare :
Notre seule option consiste à aborder la connaissance moderne avec une attitude respectueuse mais indépendante, et à apprécier les enseignements de l’islam à la lumière de cette connaissance, même si cela nous conduit à différer de ceux qui nous ont précédés (page 78). … Le teaching du Coran, selon lequel la vie est un processus de création progressive, requiert que chaque génération, guidée mais non gênée par le travail de ses prédécesseurs, puisse résoudre ses propres problèmes (page 134). … La vénération excessive pour le passé, et sa résurrection artificielle, ne sont pas des remèdes à la décadence d’un peuple. La seule puissance efficace qui peut contrer les forces de déclin d’un peuple, c’est l’émergence d’individus centrés sur eux-mêmes. (La Reconstruction de la Pensée Religieuse en Islam, page 120).
Iqbal poursuit en précisant ce qu’il entend par « individus centrés sur eux-mêmes » : il insiste sur la nécessité pour chaque personne de disposer de la liberté de penser afin de pouvoir développer son « moi » ou « khudi ». Dans un couplet célèbre, il compare le « moi » ou « khudi » à une perle unique, exhortant chacun à focaliser ses efforts sur le développement du « soi » par la liberté de pensée, et non à le détruire par une soumission aveugle :
« Ne détruis pas ton khudi par la imitation,
Protége-la, car c’est une perle unique, un trésor précieux »
[Ne détruis pas ton soi par la soumission aveugle,
Protège-le, car c’est une perle précieuse.]
Pour illustrer cela, voici une analogie : tout arbre est soumis à des restrictions imposées par la nature ; celles-ci visent à optimiser sa croissance et révéler tout son potentiel latent. Ce même principe s’applique à la société humaine. Et c’est précisément ce que notre prophète (PAIX SOUS LUI) a réalisé à Médine. Il a mis en place, dans cette ville, une infrastructure socio-économique et politique respectant les principes du Qur’ān. La Constitution protégeait constitutionnellement les droits et libertés de chaque individu. Tous étaient égaux devant la loi, y compris le prophète lui-même. Dans ces limites qur’aniques, l’être humain bénéficiait d’une totale liberté de pensée, lui permettant de réaliser et de nourrir son potentiel inné donné par Dieu. C’est ainsi que s’est illustrée la grandeur de l’islam dans ses premières années !
Un système garantissant l’égalité des droits et libertés pour chaque être humain, indépendamment de sa race, couleur, origine ou langue, doit s’appuyer sur des valeurs éternelles. Étant donné que les penseurs et philosophes humains, en quête de ces valeurs, sont limités par le temps et l’espace, il est évident qu’ils ne peuvent les découvrir qu’à travers essais et erreurs. En revanche, si nous parvenons à structurer notre société selon les valeurs éternelles contenues dans le Qur’ān, l’humanité retrouvera non seulement la dignité et l’égalité, mais sera également libérée pour réaliser son potentiel divin. C’est ce qui s’est produit il y a 1400 ans, lors des premiers jours glorieux de l’islam. Notre défi aujourd’hui est de démontrer au monde que le Qur’ān est le seul livre renfermant l’ensemble complet de ces valeurs éternelles.
C’est précisément ce que notre prophète (PAIX SOUS LUI), que nous aimons profondément, a accompli pour libérer l’humanité. Il a, selon les termes du Coran, « soulagé les fardeaux et les chaînes qui pesaient sur eux » (7:157). Cela doit cependant se faire par des moyens constitutionnels et pacifiques. Il faut pour cela une grande sagesse, un savoir actualisé, un raisonnement objectif et une compréhension profonde du Qur’ān en tant que constitution universelle, et non comme un simple livre religieux. Ensuite, il faut une grande concentration, beaucoup de patience et de tolérance. Confié à la guidance de notre prophète (PAIX SOUS LUI), cet effort constitue le véritable combat de toute une vie.