Alors que la technologie, en particulier l’Intelligence Artificielle (IA), continue de progresser rapidement, de nombreux débats surgissent sur ses effets potentiels sur l’humanité. Certains considèrent l’IA comme une solution innovante pour relever des défis majeurs comme les maladies, les catastrophes naturelles ou encore la pauvreté. D’autres, en revanche, expriment des inquiétudes concernant ses enjeux éthiques, sociaux et moraux. Cet article explore ces intersections complexes entre l’IA, le transhumanisme, et les perspectives islamiques, insistant sur l’importance d’adopter une approche équilibrée et réfléchie.
La place de l’IA dans la société contemporaine
L’Intelligence Artificielle est présentée comme une technologie susceptible de transformer de fond en comble la vie humaine. Au 21ème siècle, les technologies de l’information dominent la société, influençant le développement culturel, la croissance économique, l’avancement scientifique et les dynamiques communautaires. La dépendance croissante à ces innovations soulève toutefois des questions fondamentales sur la nature de l’information, la connaissance humaine et les valeurs qui guident nos sociétés.
Les praticiens et chercheurs musulmans prennent conscience que l’IA possède une double dimension : ses possibilités d’un côté, et ses risques de l’autre. En abordant cette technologie comme un défi technique, ils prônent une utilisation critique, sélective et responsable. Malgré ses nombreux avantages, des préoccupations existent quant à son utilisation abusive, notamment dans des domaines contraires aux principes islamiques, tels que la dérive religieuse, la radicalisation ou le terrorisme.
Les fondements philosophiques : transhumanisme et intelligence artificielle
Pour mieux comprendre l’impact potentiel de l’IA, il est essentiel d’étudier les philosophies qui ont influencé son développement. Parmi celles-ci, le rationalisme, le scientisme, le positivisme, et surtout le transhumanisme, jouent un rôle clé. Le transhumanisme, en tant que mouvement de pensée contemporain, envisage la transformation de l’être humain ordinaire en une entité dotée de capacités surhumaines grâce à la technologie, notamment via l’intelligence artificielle.
Ce mouvement repose sur l’idée qu’il est possible d’améliorer et d’étendre les capacités humaines en utilisant des avancées technologiques, suscitant des questions éthiques et morales sur la fusion entre l’homme et la machine. Cette quête d’élévation soulève ainsi de nombreux dilemmes concernant l’identité humaine, la moralité de dépasser ses limites naturelles, et la relation avec le Divin.
Cadrage dans la perspective islamique et l’IA
L’Islam propose une vision particulière du rôle de l’humanité face à la technologie. Selon la doctrine islamique, l’homme est une création d’Allah SWT, chargé d’assumer des rôles précis : celui d’« abd » (serviteur obedient) et de « Khalifah » (substituant ou vice-gérant). La science et la technologie, dans cette optique, ont pour but d’aider l’homme à remplir ses devoirs tout en respectant l’harmonie avec la nature, conformément aux enseignements divins.
En revanche, la science occidentale moderne, encouragée par des philosophies spéculatives, diverge souvent de cette vision islamique. La course effrénée à la supériorité technologique, motivée par la recherche du gain matériel ou de la domination militaire, peut entrer en contradiction avec l’éthique islamique, qui valorise l’utilisation des connaissances pour le bien commun, dans la vérité et la réalité divine.
La rencontre entre IA et transhumanisme
L’IA, loin d’être une simple discipline informatique, incarne aussi une philosophie, notamment dans la perspective transhumaniste. La volonté d’intégrer des technologies avancées directement dans le corps humain pour repousser ses limites biologiques présage une évolution majeure. Ce processus, qui pourrait donner naissance à une version hybride de l’humain et de la machine, soulève des questions éthiques, morales, et existentielles profondes. La transcendance des barrières biologiques traditionnelles pose des défis que la morale islamique, avec ses principes clairs, doit adresser avec prudence.
L’impact du transhumanisme
Le transhumanisme, en tant que fondement philosophique de l’IA, vise la transformation de l’humain ordinaire en une entité dite « posthumaine », dotée de capacités accrues, physique ou intellectuelle, par la fusion avec la technologie. Il envisage un avenir où l’évolution humaine dépasserait ses limites actuelles, conduisant à une nouvelle étape de l’histoire humaine, où les êtres seraient supérieurs tant sur le plan cognitif que physiologique.
Concilier perspectives islamiques et technologies avancées
Les spécialistes et chercheurs musulmans, qui disposent d’un savoir révélé, doivent analyser avec rigueur les implications philosophiques de l’IA et ses effets sur l’essence même de l’homme. Il est important de souligner que l’IA n’est pas incompatible avec l’islam par principe, mais son usage doit être encadré par des principes éthiques et moraux stricts.
Les préoccupations liées au transhumanisme doivent alerter les penseurs musulmans. La distinction entre l’utilisation de la technologie pour des fins de santé ou de confort, et celle qui impose une modification permanente du corps humain, est essentielle. La vision selon laquelle l’humain pourrait devenir un hybride de machine remet en question la compréhension islamique de la dignité humaine et de l’unicité divine.
La valorisation par l’Islam de la science et de la technologie
Contradictoirement aux idées reçues, l’islam encourage la quête de connaissance et l’exploration de la nature. La vision islamique insiste sur la gratitude envers Allah SWT pour ses signes dans l’univers, considérant la science comme un moyen de mieux connaître la création divine, et non comme une fin en soi. Cependant, la poursuite moderne du progrès scientifique doit être ancrée dans cette perspective spirituelle pour éviter tout dévoiement éthique.
AI : un défi à l’autorité divine ?
L’ambition de créer des intelligences artificielles qui surpassent l’homme, voire de s’y faire passer pour une puissance divine, remet en question la souveraineté de Dieu. Le transhumanisme, en envisageant une maîtrise totale sur ses limites, tend à rapprocher l’humain d’un statut quasi-divin, ce qui soulève de graves questionnements théologiques hostiles à la doctrine islamique de soumission à Allah SWT.
La vraie finalité de la science et de la technologie en Islam
Dans la doctrine islamique, le but ultime de la science et de la technologie n’est pas de rivaliser avec Dieu ou de se substituer à Lui, mais de renforcer la foi, la conscience et la soumission à la volonté divine. La connaissance doit être utilisée conformément aux principes révélés dans le Quran et la Sunnah, dans l’objectif de reconnaître les signes d’Allah, de s’y soumettre, et de suivre ses enseignements pour le bien de l’humanité.
En somme, l’alliance entre l’IA, le transhumanisme et l’islam nécessite une réflexion approfondie. Si la technologie offre des opportunités de progrès sains, leur intégration doit respecter les valeurs éthiques et morales. Le mouvement transhumaniste, en cherchant à amalgamer l’humain et la machine, remet en question la conception islamique de la dignité humaine et de la souveraineté divine. La vigilance et la sagesse des intellectuels musulmans sont essentielles pour que ces avancées servent véritablement l’intérêt de toute l’humanité, tout en restant fidèles aux principes divins.