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INDE : un ancien député du BJP exhorte les hommes hindous à « amener des filles musulmanes » en échange d’un emploi

Ancien député du BJP (MLA) de l’Uttar Pradesh, Raghvendra Pratap Singh. (Capture d’écran)

Un ancien député du parti Bharatiya Janata (BJP) au pouvoir en Inde a suscité une indignation généralisée après la diffusion d’une vidéo le montrant exhortant les hommes hindous à « amener des filles musulmanes » en échange d’emplois gouvernementaux.

Raghvendra Pratap Singh, ancien membre du BJP à l’Assemblée législative (MLA) de Domariyaganj dans l’Uttar Pradesh, a fait ces remarques lors d’un rassemblement public plus tôt cette semaine, selon des images circulant sur les réseaux sociaux.

Dans le clip, on peut entendre Singh dire : « Le garçon hindou qui amène une fille musulmane, nous lui trouverons un travail. » Ses commentaires ont été accueillis par des chants de « Jai Shri Ram » – un slogan largement utilisé par les groupes nationalistes hindous – alors qu’il demandait à la foule : « Combien de jeunes hommes sont prêts ?

Singh, qui n’occupe plus ses fonctions mais reste une figure locale du BJP, a déjà fait des déclarations incendiaires ciblant les musulmans. Ses dernières remarques ont ravivé les inquiétudes quant à la normalisation des discours de haine et de la rhétorique anti-musulmane sous le règne du Premier ministre Narendra Modi.

Condamnation de l’opposition

Sanjay Singh, porte-parole national du parti Aam Aadmi (AAP), a dénoncé ces propos comme « une incitation directe à la criminalité » et a exigé une action immédiate de la police.

Il a posté sur X (anciennement Twitter) : « Si un dirigeant appelle publiquement à l’enlèvement et à la conversion forcée, la loi doit suivre. Nous ne pouvons pas avoir deux poids, deux mesures où la police de l’UP engage des poursuites contre des musulmans sur des bases fragiles, mais ferme les yeux lorsque des dirigeants hindous incitent à la violence. Arrêtez-le maintenant ou l’affirmation selon laquelle la loi est égale pour tous sonnera creux. « 

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Il a ajouté : « Quel parent hindou voudrait que son fils soit célébré pour avoir enlevé une fille ? Est-ce l’identité que nous voulons pour l’hindouisme – une identité liée à la coercition et à la criminalité ? »

Les experts juridiques et les défenseurs des droits affirment que ces propos, s’ils étaient vérifiés, pourraient constituer des infractions pénales, notamment l’incitation, l’enlèvement, le discours de haine et la tentative de conversion forcée.

« De tels discours ne sont pas de simples rhétoriques ; ils mettent en danger les femmes musulmanes et légitiment des actes criminels », a déclaré un avocat local spécialisé dans les droits humains. « Les autorités doivent porter plainte et veiller à ce que ces provocations ne se traduisent pas en violences réelles. »

Modèle de discours de haine

La controverse fait suite à une série de déclarations similaires de personnalités nationalistes hindoues dans les États indiens de l’Uttar Pradesh et du Madhya Pradesh ces dernières années. Plusieurs dirigeants de l’Hindutva ont été filmés en train d’offrir de l’argent, des récompenses ou des emplois gouvernementaux à des hommes hindous qui « piègent des filles musulmanes » ou les épousent.

Une telle rhétorique est souvent présentée comme une mesure de représailles contre la théorie du complot dite du « jihad de l’amour » – une affirmation démystifiée selon laquelle les hommes musulmans séduisent les femmes hindoues pour les convertir à l’islam.

Les militants avertissent que cela a évolué vers un phénomène connu sous le nom de « Bhagwa Love Trap », dans lequel les réseaux nationalistes hindous encouragent les hommes hindous à cibler les femmes musulmanes en ligne et hors ligne comme une forme de vengeance ou de « récupération ».

Les rapports suggèrent que certains de ces groupes opèrent via les médias sociaux, entraînant prétendument des hommes hindous à créer de faux profils, à se faire passer pour des musulmans et à attirer des femmes musulmanes dans des relations avant de révéler leur identité. Les victimes sont souvent contraintes de se marier ou humiliées publiquement si elles résistent.

Les militants des droits des femmes affirment qu’un tel harcèlement organisé alimente la haine communautaire et expose les femmes musulmanes à de graves dommages psychologiques et physiques.

Application sélective

Les critiques affirment que cet épisode reflète la culture d’impunité dont jouissent les personnalités nationalistes hindoues de l’Uttar Pradesh, dirigé par le BJP et dirigé par le ministre en chef Yogi Adityanath.

Les partis d’opposition et les groupes de défense des droits accusent depuis longtemps le gouvernement de l’État d’utiliser les pouvoirs de la police pour cibler les musulmans et les dissidents politiques tout en ignorant les discours de haine venant de ses propres rangs.

L’Uttar Pradesh – l’État le plus peuplé d’Inde – a connu une forte augmentation des violences anti-musulmanes, des discours de haine et des démolitions de maisons ciblant les communautés musulmanes ces dernières années.

Les organisations de défense des droits, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont averti que cette tendance approfondit la polarisation religieuse et érode l’État de droit.

Pour l’instant, ni la police de l’Uttar Pradesh ni le BJP n’ont commenté l’incident.

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