Le décès du Prince Karim Aga Khan IV, guide spirituel de la communauté musulmane ismaélienne, marque la fin d’une époque marquée par ses importantes contributions dans le domaine de l’architecture et du développement social. À l’âge de 88 ans, il est décédé à Lisbonne. Non seulement considéré comme une figure religieuse respectée, l’Aga Khan a également été une force motrice dans la philanthropie mondiale et la préservation culturelle.
Né le 13 décembre 1936 à Genève, le Prince Karim Aga Khan IV a été propulsé à la tête de sa communauté à seulement 20 ans, suite au décès de son grand-père, Sir Sultan Mahomed Shah Aga Khan. Après des études à Harvard, où il s’est spécialisé en histoire islamique, il a décidé de consacrer sa vie à rapprocher les valeurs traditionnelles islamiques des avancées modernes. Sa vision allait bien au-delà de la théologie, intégrant également l’architecture, l’urbanisme et le travail humanitaire comme moyens essentiels pour élever les sociétés.
Impacts architecturaux et conservation culturelle
Parmi ses héritages les plus durables figure son engagement envers la sauvegarde et la promotion de l’architecture islamique. En 1977, il a créé le Prix Aga Khan d’architecture, une récompense prestigieuse qui valorise l’excellence en architecture dans les communautés musulmanes à travers le monde. Cette distinction met en lumière des projets qui non seulement respectent l’esthétique et le patrimoine culturel, mais qui répondent aussi aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques.
Grâce à cette initiative, l’Aga Khan a joué un rôle central dans la revitalisation de sites islamique historiques, encourageant des conceptions contemporaines ancrées dans la tradition, et favorisant l’innovation dans l’architecture durable. Ses réalisations vont de la restauration de sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO à la construction de bâtiments modernes adaptés au climat, répondant aux besoins croissants des zones urbaines. Sa conception de l’architecture est profondément liée à la dignité humaine, faisant de la conception un levier pour le développement social et économique.

Actions sociales et développement
Au-delà de l’architecture, l’engagement de l’Aga Khan en faveur de l’amélioration des conditions de vie dans des régions marginalisées a conduit à la création du Réseau de développement Aga Khan (AKDN) en 1967. Aujourd’hui, l’AKDN opère dans plus de 30 pays, employant près de 100 000 personnes et investissant environ un milliard de dollars par an dans des secteurs tels que la santé, l’éducation, le développement économique et la préservation culturelle.
Sous sa direction, l’organisation a construit des hôpitaux et des universités de classe mondiale, offrant un accès accru à l’éducation et aux soins médicaux dans des régions pauvres. L’Université Aga Khan, basée au Pakistan, est devenue un symbole d’excellence académique, formant des professionnels qui participent au progrès social dans divers domaines. Par ailleurs, ses efforts pour le développement rural, à travers des programmes de microfinance, le soutien à l’agriculture et à l’entrepreneuriat, ont permis d’avancer vers une meilleure autonomie pour de nombreuses communautés.
Une influence durable
Malgré sa richesse considérable et son style de vie aristocratique, l’Aga Khan est resté fidèle à ses causes humanitaires. Il a toujours soutenu la pluralité, le dialogue interreligieux et l’équité sociale. Son œuvre dans l’architecture et le développement témoigne de sa conviction profonde que le progrès matériel doit aller de pair avec des valeurs spirituelles.
À l’heure où le monde médite son départ, son héritage perdure à travers les institutions qu’il a fondées, les vies qu’il a transformées, et la beauté qu’il a su préserver dans le patrimoine islamique. Son successeur, le Prince Rahim Hussaini, prend désormais le relais avec ce legs lourd de sens, ancré dans le service, le progrès et un profond respect pour l’héritage collectif de l’humanité.






