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Famine comme stratégie : Comment la communauté internationale laisse mourir des millions de personnes silencieusement

Un nouveau rapport des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme de manière très claire : cinq pays sont au bord de la famine, et treize régions dans le monde vont connaître une situation de faim extrême dans les mois à venir.

Pourtant, la réponse collective du monde entier demeure lente, marquée par l’indifférence et par des enjeux géopolitiques dangereux.

Le rapport intitulé « Hotspots de la Famine », publié lundi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), ne mâche pas ses mots — la famine n’est pas simplement une menace qui arrive, elle est déjà là pour certains, et elle pourrait être évitée.

De la rue dévastée par la guerre au Soudan aux frontières bloquées de Gaza, des villages inondés du Soudan du Sud jusqu’au chaos contrôlé par des gangs en Haïti, l’image est sombre : des vies sont perdues non seulement à cause de la pénurie alimentaire, mais aussi en raison de désastres créés par l’homme, de l’indifférence politique, et d’un système d’aide mondiale mis à rude épreuve.

La famine est une question politique — et le monde en a conscience

Il faut le dire clairement : il ne s’agit pas uniquement de changement climatique ou de mauvaises récoltes. Selon l’ONU, ce sont principalement les conflits, les chocs économiques et l’obstruction intentionnelle de l’aide qui en sont responsables. En d’autres termes, la famine ne serait plus une simple conséquence collatérale ; dans certains cas, elle est même utilisée comme une stratégie.

  • À Gaza, l’ensemble de la population — soit 2,1 millions de personnes — souffre de pénuries alimentaires aiguës. Près de 500 000 d’entre eux devraient être en famine d’ici septembre. Le PAM souligne que cela est directement lié au blocus militaire israélien et aux restrictions imposées à l’aide humanitaire.
  • Au Soudan, la guerre a déjà coûté la vie à plus de 14 000 personnes depuis avril 2023. La famine a été officiellement déclarée en 2024, mais près de 25 millions de personnes restent à risque, ce qui en fait l’une des plus grandes défaillances humanitaires de notre époque.
  • Au Sud-Soudan, l’instabilité et les inondations ont contraint 63 000 personnes à vivre dans des conditions proches de la famine. En Haïti, plus de 8 000 personnes font face à une faim catastrophique en raison de l’augmentation de la violence des gangs et de l’effondrement du gouvernement.

Pourquoi le monde n’agit-il pas plus rapidement ? Parce que la famine aujourd’hui dépend moins de la nourriture et davantage de la question du pouvoir.

L’accès bloqué, des vies sacrifiées

Le rapport met en évidence une réalité douloureuse : l’aide existe, mais elle n’atteint pas ceux qui en ont besoin. Qu’il s’agisse de manque de financement, de menaces sécuritaires ou de blocus, les mécanismes mondiaux d’aide alimentaire sont pris en otage.

« Ce rapport est une alerte rouge », a déclaré la directrice exécutive du PAM, Cindy McCain. « Sans financement et accès, nous ne pouvons pas sauver des vies. »

Une réalité encore plus glaçante : la famine ne peut même pas être déclarée officiellement tant que des seuils horribles ne sont pas atteints — 20% de la population souffrant d’une pénurie alimentaire extrême, 30% d’enfants souffrant de malnutrition aiguë, et deux personnes sur 10 000 mourant chaque jour de faim. Mais à partir du moment où ces normes sont réunies — les victimes sont déjà mortes.

Et cela soulève la question suivante : attendons-nous simplement que davantage de personnes meurent pour que cela porte un nom ?

Les Hotspots de la Famine : un monde divisé

Si certains pays ou régions sortent de la liste d’urgence de l’ONU — Éthiopie, Kenya, Malawi — d’autres sombrent toujours plus profondément dans la catastrophe, tels que Yémen, RDC, Nigéria, Myanmar, Burkina Faso ou Somalie.

Ces zones ne sont pas seulement des « pays en crise en développement ». Ce sont des victimes de décennies de négligence mondiale, de conflits par procuration et d’économies extractives. La faim, dans beaucoup de cas, est le résultat de décisions prises dans les bureaux de dirigeants ou de stratégies de guerre, et non une catastrophe naturelle.

Le réveil mondial : ou choisir de continuer à ignorer ?

L’ONU appelle à une action humanitaire urgente, mais la fatigue des donateurs et les jeux géopolitiques empêchent toute avancée réelle. Les gouvernements privilégient les budgets de défense à celui de l’alimentation. La couverture médiatique s’emballe un jour, puis s’éteint rapidement. Pendant ce temps, des familles se contentent de manger des feuilles, de la terre, ou de ne rien manger du tout.

La vérité plus profonde est simple : la famine d’aujourd’hui n’est pas une défaillance des ressources, mais une failure de la volonté.

Et alors que des millions de personnes approchent de la mort, il faut se demander : assistons-nous à une famine — ou en facilitons-nous une ?

Le paradoxe de l’inaction face à la crise alimentaire

Cette situation interpelle : attendons-nous que davantage de personnes meurent avant de réagir ? La famine est en marche, mais sans réponse concrète, ses ravages ne cessent de s’aggraver, laissant un bilan déchirant de morts et de souffrances. Le manque d’action ne sert qu’à accréditer l’idée que la volonté politique de changer n’est pas présente, même si la nécessité est criante.

En somme, il apparaît que la faim globale n’est pas simplement une question de ressources, mais surtout une question de volonté politique. La communauté internationale doit choisir entre continuer à rester passive ou agir de façon décisive pour arrêter cette tragédie silencieuse.

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