Dieu peut donner vie à n’importe quoi en un clin d’œil. La Création, comme Il l’affirme Lui-même, se produit par un seul commandement : « Sois », et cela devient. Aucun concept, aucune conception ou mise en œuvre humaine n’est nécessaire dans ce processus.
Quel que soit le projet divin, aussi immense ou complexe soit-il, il ne suit pas les étapes que nous associons à la fabrication. Au contraire, la création se déploie sans effort, comme si toutes les créatures attendaient simplement l’appel de leur Créateur. Lorsqu’il arrive, elles surgissent à l’instant, au moment fixé.
La puissance étonnante de l’intelligence artificielle générative, capable de créer des mondes numériques entiers en quelques secondes à partir d’une simple requête, offre une vision limitée mais saisissante de la facilité avec laquelle Dieu crée. Alors que l’IA fonctionne dans les limites des données, des algorithmes et du design humain, la création divine n’est soumise à aucune restriction.
Cependant, cette immédiateté ne signifie pas chaos ou absence de planification. Au contraire, l’univers apparaît à nos yeux comme une œuvre magistrale d’ordre, conçue avec soin, élaborée avec minutie, et exécutée à la perfection. Chaque élément suit une trajectoire précise. Que ce soit la rotation des planètes, l’émergence des plantes, le vol des oiseaux ou la dispersion des étoiles dans la nuit, rien n’est dû au hasard ni dépourvu de but.
Tout dans l’univers, qu’il soit enraciné dans le sol ou flottant dans une galaxie, respecte un rythme naturel, évoluant par cycles de croissance, de déclin et de renouveau.
La nature est polarisée par des rythmes précis, riche en diversité et efficace dans ses fonctions. Dès lors, comment concilier cette organisation visible avec l’idée que tout a été créé par une seule parole instantanée, « Sois » ?
La réponse réside dans la portée et la profondeur de ce mot. « Sois » n’est pas un simple son vide. C’est une ordonnance divine remplie d’intricacés infinies. En son sein réside toute l’essence, la conception et le destin d’une chose.
Ce que nous percevons comme un processus n’est en réalité que le déroulement de ce qui était déjà totalement complet dans ce seul mot. Tout comme une graine possède le potentiel de devenir un arbre majestueux, ou une goutte de sperme code toute la complexité d’un être humain, ou un atome d’uranium détient une énergie nucléaire immense, « Sois » contient en elle-même l’intégralité de l’existence d’une chose.
Du point de vue divin, la création ne se limite pas à notre compréhension. « Sois » n’est pas simplement un moment de consentement, mais l’expression de la connaissance divine — totale, infinie, universelle. La science divine englobe le passé, le présent et le futur de chaque créature, dans toutes ses dimensions.
Par conséquent, rien n’échappe à « Sois ». C’est, métaphoriquement, le clic d’un bouton divin qui initie une action parfaite, d’une précision infaillible, et d’une connaissance infinie.
En revanche, notre savoir est fragmenté, relatif, et constamment en évolution. Nous ne commençons à comprendre une chose que lorsqu’elle se présente à nous. Notre connaissances s’évanouit lorsque nous cessons de l’étudier. Nous apprenons en observant, analysant et interprétant, et nos conclusions sont façonnées par le contexte, le temps et les limites de notre perception. Nous percevons la couleur, ressentons la forme, goûtons la saveur, entendons le son, et percevons le parfum — mais toutes ces expériences sont sujettes à changement. Avec elles, notre compréhension évolue également.
Notre quête du savoir commence et se termine ; elle est influencée par de multiples facteurs et reste provisoire. Même après notre mort, le monde continue de changer et d’y produire des significations, souvent de manières que nous n’avions pas anticipées. Toute notre accumulation de connaissances, nos vastes bibliothèques d’interprétations et de découvertes, ne sont que des tentatives pour déchiffrer le mystère derrière cette commande divine : « Sois ».
Tandis que la connaissance divine est absolue, stable, et englobe tout — si précise qu’on peut la résumer en un seul mot parfait — notre savoir est fragmentaire et vulnérable. C’est pourquoi, même avec des océans d’encre, nous ne pouvons saisir toute la profondeur du décret divin. Le Coran lui-même affirme que, si les mers étaient encre pour les paroles de Dieu, elles s’épuiseraient avant d’atteindre la fin.
Il est impossible d’avoir une compréhension finale et définitive de quoi que ce soit, même du plus insignifiant. Il y a toujours plus à découvrir — de nouvelles perspectives qui défient ou affinent ce que nous savons déjà.
Étudier même une seule particule ou un seul être vivant nécessite des équipes d’experts, concentrés chacun sur différents aspects dans des laboratoires dispersés à travers le monde. N’étant pas capables de saisir le tout en une seule fois, nous divisons la réalité en segments toujours plus petits.
Ainsi, nous interprétons l’univers à travers mille prismes — variés, conditionnés, incomplets. Le temps, l’espace, le contexte, la perspective personnelle teintent chaque conclusion. Notre connaissance va du Tout vers la multiplicité, tandis que la connaissance divine va de la multitude vers l’Un. Nous disséquons pour comprendre ; Dieu unifie pour créer. Là où nous séparons pour appréhender, Dieu fusionne toutes distinctions en un seul acte de création.
Lorsque nous créons, nous devons partir de rien — assembler des pièces, mélanger des éléments dans des proportions précises, veiller à ce que chaque morceau soit finement élaboré. Mais lorsque Allah crée, aucun effort délibéré n’est nécessaire. Son acte de création contient déjà tous les éléments indispensables, en proportion et harmonie parfaites. Ce n’est ni un processus de haut en bas, ni de bas en haut — cela EST.
Notre chemin vers le savoir est un retour de la fragmentation à l’unité, des apparences à l’essence, du many à l’un.
Toute connaissance possède un commencement et une fin, elle a besoin d’un lieu et d’un cadre — elle est toujours en quelque chose ou d’elle-même. Mais Dieu dépasse le temps et l’espace, et n’est pas lié aux dimensions dans lesquelles nous vivons ou que nous comprenons. Toute notre quête — scientifique, philosophique, artistique ou spirituelle — consiste à entrevoir la profondeur de ce seul mot divin : « Sois ».
Les merveilles de la Création
Au premier regard, il semble que nous ayons désormais accès à beaucoup de secrets sur nous-mêmes et l’univers, grâce aux progrès spectaculaires en sciences et technologies. Par des exploits intellectuels remarquables, nous avons atteint une certaine maîtrise de la nature — mais pas sans en payer un lourd prix, menaçant la pérennité de notre habitat.
Notre compréhension des propriétés de la matière nous a permis de découvrir, concevoir, et mettre au point des choses autrefois inimaginables. Les réseaux d’informations à haute vitesse que nous utilisons aujourd’hui étaient inconnus de nos prédécesseurs il y a seulement quelques décennies.
Nous fabriquons des outils et des idées qui non seulement améliorent notre confort, mais rendent aussi obsolètes de longues professions et compétences. Certains annoncent même que l’innovation humaine aurait atteint son apogée, annonçant la fin d’une civilisation.
Chaque génération croit, souvent avec suffisance, qu’elle est plus avancée que toutes celles qui l’ont précédée. Nous héritons tout ce que nos ancêtres savaient, puis nous bâtissons dessus. Avec des outils plus performants et un savoir accru, nous faisons face à des défis que le passé ne pouvait envisager.
Mais, malgré cette explosion sans précédent de connaissances et de créativité, il nous manque encore des réponses satisfaisantes aux questions existentielles anciennes — ces énigmes intemporelles sur la vie, la mort et l’origine de l’univers.
Ce qui se cache derrière le voile de l’existence — avant la naissance et après la mort — reste enveloppé de mystère. Un mélange confus de théisme, d’athéisme, de créationnisme, d’évolution, de théories scientifiques, de pseudo-sciences et de superstitions tente de dominer.
Alors que la génétique et la biotechnologie ont énormément progressé, nous sommes encore incapables de franchir la dernière étape : transformer la matière inanimée en vie.
Nous pouvons maintenant identifier les composants essentiels à la vie, les assembler dans des conditions précises, et attendre que la vie émergente se manifeste. Mais quelque chose de vital échappe encore à notre compréhension. Ce qui anime ces éléments inertes pour former un être vivant demeure un mystère profond. Nous comprenons comment la vie fonctionne et pouvons simuler ses processus, mais l’origine même de ce rythme intérieur de la nature reste une question sans réponse.
Ce rythme de création vibre en nous, qu’on en ait conscience ou non. Il résonne dans notre cœur qui bat une soixantaine de fois par minute, dans notre respiration, dans le flux sanguin, dans la digestion, et dans la transmission continue d’informations par nos neurones. Des millions de cellules meurent et renaissent chaque instant, maintenant en silence le miracle que nous appelons vie.
Le plus complexe acte de créativité humaine se manifeste dans la procréation : de la rencontre du sperme et de l’ovule à la formation de l’embryon, son développement en foetus puis la naissance d’un être humain entièrement constitué.
La science médicale a accompli d’impressionnantes avancées dans la compréhension et l’assistance de ce processus, mais ses mécanismes profonds restent essentiellement hors de notre maîtrise. Plus nous explorons, plus le champ s’élargit, révélant sans cesse de nouvelles frontières d’investigation.
La création est une phénomène qui imprègne chaque particule de l’univers, manifestant une diversité stupéfiante : des amibes microscopiques aux humains complexes, des moucherons fragiles aux bêtes puissantes. Notre connaissance se limite à essayer de comprendre ces processus avec nos sens limités. La merveille de la création se déploie sous des formes infinies : dans la floraison silencieuse d’une fleur ou le vacarme sauvage des vagues océaniques, dans le souffle d’une brise ou le grondement du tonnerre ; dans le parfum des fleurs, la saveur des aliments, la douceur de la soie, ou le attrait de l’intimité humaine. Seuls les êtres vivants peuvent vivre ces merveilles — et pour en apprécier pleinement la beauté, il faut s’engager dans tous ces sens.
De plus, nous sommes entourés d’innombrables petites créatures — mouches, abeilles, moustiques, vers de terre — qui forment un écosystème incroyablement interconnecté. Beaucoup sont invisibles à l’œil nu, et pourtant chacune porte en elle le miracle de la vie — une force que nous comprenons à peine. La vie est si habituelle pour nous qu’on finit par la prendre pour acquise, considérant la vie comme la norme et la mort comme une anomalie.
Pourtant, personne ne possède de souvenir d’un temps avant d’être vivant, ni de connaissance de ce qui se trouve au-delà de la mort. Cela crée une aporie : la familiarité avec la vie atténue notre émerveillement, tandis que l’inconnu de la mort amplifie son mystère.
En réalité, c’est l’inverse. La vie est l’anomalie, l’extraordinaire. La mort est la conclusion naturelle, le silence inévitable qui suit l’imprévisible vitalité de la vie. La vie est dynamique, colorée, pleine de rebondissements et d’incertitudes. Mais, puisque nous y sommes immergés si longtemps, nous perdons peu à peu notre sens du miracle, pensant que la vraie magie se trouve ailleurs.
Nous existons dans ce cycle infini de création — parfois en en étant actifs, parfois en observant passivement, souvent sans en être conscients. Et plus nous apprenons, plus cette complexité nous humble.
C’est pourquoi, malgré notre proximité vis-à-vis d’elle, la vie demeure un mystère. La création est un domaine inatteignable. Nous ignorons encore comment la vie a commencé, ce qui impose la limite que la Création reste une sphère interdite. Peu importe le progrès de nos connaissances, sciences ou technologies, nous restons étrangers à l’acte même de créer.
C’est par ce prisme — celui de l’exclusivité de la Création — que le Qur’ān nous rappelle que la création appartient à Dieu seul. Elle est une prérogative divine, un territoire que nul autre que Lui ne peut fouler.
Le Qur’ān offre de nombreux exemples de la création pour notre méditation : comment les chamelles sont façonnées, comment les cieux sont élevés, comment les montagnes sont ancrées, et comment la terre est étendue — tout à partir de rien.
Ce titre, Al-Khaliq — « Le Créateur » — est réservé exclusivement à Allah, qui met au monde une myriade de choses, à partir du néant, selon des formes, des fonctions et des designs qu’Il désire.
Si la création est la sphère exclusive du Créateur, attribuer ce pouvoir à quelqu’un d’autre est à la fois illogique et trompeur spirituellement. Aucune créature, aussi élevée soit-elle, ne peut prétendre au statut de Créateur tout en restant une créature. Accorder le crédit de la création à d’autres revient à une violation spirituelle dangereuse — une voie qui mène à des croyances fallacieuses et à l’exploitation de l’ignorance humaine.
Le Qur’ān affirme de façon claire : « En vérité, ceux que vous invoquez en dehors d’Allah ne peuvent même pas créer une mouche, même s’ils s’y associèrent. Si la mouche leur vole quelque chose, ils ne peuvent pas le reprendre. Leur poursuivant comme leur poursuivi sont faibles. » (Sourate Al-Hajj : 73)
Cette métaphore frappante souligne l’absurdité d’attribuer des attributs divins à autre chose que Celui qui seul La détient. Si Dieu est celui qui crée tout à partir de rien et maintient leur existence, alors Lui seul mérite d’être adoré. Même la puissance collective de tous les faux dieux ne pourrait faire naître la plus petite parcelle de vie.
C’est cette capacité unique — de créer à partir de rien, de déterminer les destins, de donner vie et de causer la mort — qui établit Allah comme l’unique Créateur.
Le Mystère de la vie : Au-delà des limites biologiques
Si le mystère de la mort nous échappe parce que nous n’en faisons pas l’expérience directe, qu’en est-il de celui de la vie — cette chose que nous vivons et respirons à chaque instant, mais que nous comprenons si peu ?
Nous avons réussi à décrypter une grande partie de la mécanique de nos fonctions corporelles, suivant l’interaction des organes, cellules et processus biochimiques du microscopique au macroscopique. Mais l’étincelle qui met en mouvement ce système complexe — la force vitale qui anime la matière inerte — demeure mystérieuse. Nous ne savons pas d’où elle vient ni où elle disparaît lorsque l’existence s’arrête.
La vie pulse dans tout l’univers sous une multiplicité de formes et de manifestations — des organismes unicellulaires les plus simples aux êtres pluricellulaires les plus complexes. Les plantes, les animaux, et les humains sont autant d’instruments par lesquels la symphonie primordiale de la vie s’exprime, produisant une étonnante variété de rythmes et d’harmonies.
Pourtant, précisément parce que la vie est si familière et omniprésente, nous en oublions souvent à quel point elle est extraordinaire. Nous sommes habitués à ses motifs et processus. Les graines germent, les oiseaux et reptiles sortent de leurs œufs, et les humains, comme les autres mammifères, se développent à partir d’un embryon formé par la fusion du sperme et de l’ovule. Ces mécanismes sont devenus « naturels » pour nous — normés par la biologie, qu’on ne remet pratiquement jamais en question.
Mais qu’est-ce qui rend ces processus « naturels » ? Qui a écrit ces mécanismes et les a mis en marche ? Sont-ils les seules voies possibles par lesquelles la vie peut apparaître ?
Ce débat, entre créationistes et évolutionnistes, porte sur le fait de savoir si la vie résulte d’un dessein divin ou d’un hasard évolutif. Mais au-delà, une question plus profonde se pose — celui qui a établi cet ordre biologique aurait-il pu choisir de faire apparaître la vie par des moyens totalement différents ?
Peut-on créer la vie autrement que biologiquement ?
La réponse est oui, comme le démontre le cas du prophète Isa (Jésus, paix soit sur lui), qui, selon la croyance islamique, est né de la Vierge Marie sans père biologique. Sa naissance miraculeuse a défié les lois conventionnelles de la reproduction humaine et a été à la base de croyances en sa divinité. Cependant, le Qur’ān remet en question la logique de telles affirmations.
Il établit un parallèle frappant entre cette naissance miraculeuse et celle d’Adam (paix soit sur lui), qui a été créé sans parents ni mère. Si la naissance de Jésus peut justifier qu’il soit qualifié de « Fils de Dieu », alors, de manière encore plus logique, Adam en serait encore plus digne.
Le Qur’ān précise que tous deux ont été créés par la Volonté Divine. Adam a été façonné à partir de l’argile, modelé par le Créateur, puis mis en vie par un ordre divin : « Sois ». Jésus, de son côté, a été conçu par la Volonté divine, son âme étant insérée dans le ventre de Marie par la parole de Dieu. Mais, bien que sa naissance soit exceptionnelle, elle ne le place ni en dehors de la création ni dans le rang des dieux.
Ainsi, la naissance de Jésus, bien qu’extraordinaire par rapport aux modèles biologiques habituels, demeure une démonstration de la puissance divine, et non une exception suprême. Dieu qui a créé Adam à partir de rien et qui n’est pas limité par ses propres systèmes peut parfaitement faire naître Jésus de la même manière ou autrement. La différence réside seulement dans la particularité de chaque cas, mais la puissance demeure infinie.
Les deux exemples — celui d’Adam et celui de Jésus — illustrent la liberté et la créativité du Créateur dans l’instauration de la vie. Adam, premier homme sans précédent ni processus biologique, et Jésus, dont la venue a défié nos attentes, affirment tous deux que Dieu n’est pas limité par nos systèmes de fonctionnement connus.
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Les exemples ci-dessus ne sont pas seulement des points théologiques, mais aussi des rappels philosophiques que nos processus observés ne représentent qu’une portion de la réalité. Les voies biologiques que nous considérons comme habituelles sont une parmi tant d’autres possibles. Dieu peut faire naître la vie par tout moyen qu’Il choisit — biologique ou autre. Une infinité de créatures dont la genèse nous est inconnue existent, autant de processus qui dépassent notre compréhension.
Il serait erreur de supposer que Dieu doit intervenir uniquement selon les patterns que Nous Lui attribuons. Il est l’auteur de tous les systèmes, mais il n’est lié par aucun. Il peut créer en un mot, concevoir sans précédent, soutenir sans moyens visibles.
Les naissances miraculeuses d’Adam et de Jésus illustrent la limite infinie de la création divine, affirmation que la sphère de la création appartient exclusivement à Allah — seul possesseur de la connaissance, de la puissance, et de la volonté d’engendrer toute diversité dans la vie, dans ses formes et ses merveilles.
Le Mystère de la vie: Au-delà des frontières biologiques
Si le mystère de la mort demeure en grande partie parce que nous n’en faisons pas l’expérience directe, qu’en est-il de celui de la vie — cette présence que nous vivons chaque jour, mais dont nous comprenons si peu ?
Nous avons retenu beaucoup du fonctionnement de notre corps, suivant l’interaction d’organes, cellules et processus biochimiques. Mais ce qui donne vie à cette mécanique — la force vitale qui anime la matière inerte — reste un secret profond. D’où vient-elle ? Où disparaît-elle lorsque la vie s’éteint ?
La vie pulse dans tout l’univers sous une multitude de formes et d’expressions — des organismes unicellulaires simples aux êtres pluricellulaires sophistiqués. Les plantes, les animaux et l’humain sont des instruments divers par lesquels la symphonie primitive de la vie se déploie, produisant une diversité étonnante de rythmes et d’harmonies.
Pourtant, parce que cette vie est si omniprésente et familière, nous oublions souvent sa grandeur exceptionnelle. Nous la tenons pour normale. Les graines germent, les oiseaux pondent, les mammifères naissent d’un embryon conçu par la fusion du sperme et de l’ovule, et toutes ces choses semblent naturelles, naturelles jusque dans leurs mécanismes.
Mais qu’est-ce qui rend ces mécanismes « naturels » ? Qui en a écrit les lois ? Sont-ils les seules voies possibles pour faire apparaître la vie ?
Ce débat oppose creationnistes et évolutionnistes : la vie aurait-elle été façonnée par la volonté divine ou provenirait-elle d’un processus évolutif aveugle ? La question plus profonde concerne celle-ci : celui qui a établi cet ordre biologique aurait-il pu choisir une toute autre méthode ?
La vie peut-elle être créée autrement que biologiquement ?
La réponse est affirmative. La naissance miraculeuse de Jésus d’une mère vierge, selon la foi islamique, en est l’illustration. Sa venue, sans père biologique, transcende les lois naturelles de la reproduction et a alimenté les croyances en sa nature divine. Mais le Qur’ān remet en doute cette logique.
Il compare la naissance miraculeuse de Jésus à celle d’Adam, créé sans père ni mère. Si la naissance de Jésus le qualifie de « Fils de Dieu » du fait de son origine exceptionnelle, alors, selon cette logique, Adam serait encore plus digne.
Le Qur’ān précise que tous deux furent créés par la Volonté Divine : Adam, formé à partir de l’argile, façonné par le Créateur, et animé par Sa commande : « Sois ». Jésus, lui aussi, est créé par la Volonté divine, son âme étant insérée dans le ventre de Marie par la parole de Dieu. Cependant, cette naissance extraordinaire ne l’élève pas en dehors de la création, ni ne fait de lui un créateur.
Même si la naissance de Jésus est hors norme par rapport aux modèles biologiques habituels, elle demeure une preuve de la puissance divine. La distinction fondamentale ne réside pas dans la méthode de création, mais dans la souveraineté infinie de Dieu. Celui qui a créé Adam à partir du néant n’est pas limité dans sa manière de créer.
Les deux exemples — Adam et Jésus — rappellent la liberté totale du Créateur, qui peut façonner la vie de toutes les manières possibles, en dehors des lois naturelles que nous connaissons.
Ces exemples ne sont pas simplement théologiques, mais philosophiques : ils soulignent que tous les processus que nous connaissons ne représentent qu’une infime partie de la réalité. La Création divine peut se produire selon toute voie qu’Il choisit — biologique ou non. La diversité des formes de vie dans l’univers, de la plus simple à la plus élaborée, témoigne de cette omnipotence.
L’argument final, dans cette perspective, repose sur une question rhétorique : « N’est-Il pas capable de créer comme Il a créé les cieux et la terre ? » La réponse est oui. Car Il est le Souverain Tout-Sage. Lorsqu’Il veut quelque chose, Il dit simplement : « Sois », et cela devient.
Si Dieu a pu engendrer le cosmos immense, avec ses galaxies, ses étoiles, ses cieux et sa terre, alors rien ne doit nous empêcher de croire en Sa capacité à ressusciter les êtres humains eux aussi. Le chapitre se conclut par cette déclaration puissante : « Il est Exalté, dans Sa main est la souveraineté de toutes choses, et c’est vers Lui que vous serez ramenés. »
Il importe d’arrêter de spéculer sur le « comment » de la résurrection. L’essentiel est de croire qu’elle aura lieu. Au lieu de débattre sur ses mécanismes, préparons-nous à l’assurance de ce retour ultime.






