À Sweida, dans le sud de la Syrie, de violents affrontements confessionnels ont éclaté suite au retrait des forces gouvernementales de cette province majoritairement Druze. La situation s’est intensifiée après que des milices Druzes locales ont été accusées d’avoir lancé des attaques meurtrières contre des communautés bédouines dans des quartiers comme al‑Maqous. Selon plusieurs rapports, des femmes et des enfants auraient été parmi les victimes, certaines exécutées sur place.
Bilan mortel et conséquences
- Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 516 personnes ont trouvé la mort depuis le début de cette flambée de violence, à la mi-juillet.
- Ce bilan comprend au moins 154 civils Druzes, 79 combattants Druzes, 243 soldats affiliés au gouvernement, 18 combattants des tribus bédouines, ainsi que 3 civils bédouins qui auraient été exécutés par des milices Druzes.
- Les médias d’État affirment que de nombreux autres Bédouins, comprenant des femmes et des enfants, ont été tués lors de ce qu’ils qualifient de « massacres ».
Retrait des forces gouvernementales et appui à un cessez-le-feu
Les forces syriennes ont quitté Sweida le jeudi 17 juillet, après quatre jours de combats acharnés. Un fragile cessez-le-feu, négocié avec l’aide des États-Unis, de la Turquie et de divers pays arabes, a été instauré. Désormais, ce sont des leaders et des clercs Druzes locaux qui sont responsables de la sécurité interne, sous la supervision d’un accord précaire.
Implication israélienne
La situation s’est compliquée davantage lorsque l’armée israélienne a mené plusieurs frappes aériennes sur Damas et le sud de la Syrie entre le 15 et le 16 juillet, prétendant vouloir protéger la minorité Druze face aux menaces militaires syriennes. Ces opérations ont ciblé notamment des installations clés telles que le ministère de la Défense et le palais présidentiel à Damas.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que ces frappes visaient à défendre les civils Druzes et à établir une zone tampon dénucléarisée le long de la frontière syrienne. Ces actions ont suscité des réactions mitigées, et des efforts internationaux pour calmer la situation se sont intensifiés. Certains Druzes de Golan, en Israël, ont même traversé la frontière pour soutenir leur famille en Syrie, bien que beaucoup soient depuis revenus dans leurs terres.
Contextes sectaires et politiques
- La communauté Druze de Sweida, qui avait jusqu’ici maintenu une position de neutralité durant la guerre civile syrienne, a récemment tourné le dos à l’influence du gouvernement sous l’interim Président Ahmed al-Sharaa.
- Le cheikh Hikmat al-Hijri, haut leader spirituel Druze, est largement considéré comme étant à l’origine de la résistance militante. Son message est clair : une intervention internationale est urgente pour arrêter ce qu’il qualifie de « campagne d’extermination » de son peuple.
- Les affrontements trouvent leur origine dans l’enlèvement, survenu vers le 13 juillet, d’un commerçant Druze sur l’autoroute entre Damas et Sweida, ce qui a rapidement provoqué des représailles et un conflit armé qui s’est propagé.
Les perspectives pour la suite
- Un cessez-le-feu est désormais en place, sous la supervision d’autorités sectaires locales chargées de la sécurité.
- Israël continue ses opérations aériennes, ce qui pourrait conduire à une escalade plus importante.
- Les États-Unis, la Turquie, des pays arabes et l’ONU travaillent à désamorcer la crise et pourraient réclamer une session du Conseil de sécurité de l’ONU pour formaliser des mesures.
- Les tensions entre Druzes et Bédouins persistent, et ce conflit pourrait influencer l’avenir de la Syrie post-Assad, notamment si une autonomie locale pour Sweida venait à s’affirmer.
En résumé, Sweida est devenue le dernier foyer de tension dans un paysage syrien encore instable, marqué par des rivalités confessionnelles, la domination de milices, un retrait partiel du gouvernement, des raids israéliens, et des efforts de médiation internationale. L’avenir de la stabilité dans cette région Druze reste incertain.






