Les scientifiques ont mis en garde en affirmant que la poursuite de la combustion des combustibles fossiles conduira à une augmentation du nombre d’ouragans similaires à Helene, avec des inondations « inimaginables » s’étendant bien à l’intérieur des terres, et pas seulement sur les côtes. Beaucoup de victimes de Helene sont tombées en victime de ces inondations massives loin des zones côtières, plutôt que sous l’effet des vents violents.
Les océans se réchauffent à un rythme alarmant. En 2023, les températures des eaux océaniques ont battu des records mondiaux, dépassant pour la première fois 1°C au-dessus des niveaux préindustriels. Cela a entraîné l’émergence d’une série de vagues de chaleur marines dans les deux hémisphères, notamment autour du Japon, de la côte sud-américaine et dans le vaste océan Atlantique Nord.
Les vagues de chaleur marines correspondent à des périodes durant lesquelles les températures de la mer deviennent exceptionnellement élevées. Elles peuvent se concentrer en points chauds très localisés mais aussi s’étendre sur d’immenses parties de bassins océaniques. Certains événements majeurs ont perduré plusieurs mois, voire, dans des cas extrêmes, plusieurs années.
En 2002, le lauréat du prix Nobel Paul Crutzen a suggéré que l’époque de l’Holocène touchait à sa fin et qu’une nouvelle ère géologique, baptisée l’Anthropocène, venait de débuter. Selon lui, cette nouvelle période se caractérise par des changements profonds et durables affectant la planète, dus aux comportements humains.
Une étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences explique comment les chercheurs ont comparé les trois principales dates évoquées comme début de l’ère de l’Anthropocène, et pourquoi ils ont retenu la fin des années 1940 ou le début des années 1950 comme point le plus probable. Les spécialistes avancent trois principales périodes : la fin du XIXe siècle, le début du XXe siècle et la moitié du siècle dernier.
La première période correspond au démarrage de la Révolution industrielle, durant laquelle des niveaux de plomb ont commencé à se répandre sur de vastes surfaces terrestres, accompagnés de variations dans les ratios isotopiques stables et de changements dans la composition nutritive du sol.
Le deuxième seuil correspond aux années 1900, marquées par des modifications dans la composition des pollens de végétation à l’échelle mondiale, une forte hausse des particules de carbone noir et des altérations généralisées des isotopes stables.
Le troisième, situé au centre du XXe siècle, a enregistré les changements globaux et durables les plus importants : c’est à cette époque que les polluants organiques, les plastiques et les microplastiques ont commencé à apparaître partout dans le monde. C’est également le début de l’ère nucléaire, avec des traces d’essais de bombes atomiques retrouvées aux quatre coins de la planète, et le début des graves enjeux liés au réchauffement climatique.
Une menace préoccupante concerne aussi la moitié de la surface terrestre mondiale désormais classée en zones arides, ces dernières accélérant leur expansion, selon une nouvelle étude publiée le 29 août 2024 dans la revue Science. Les surfaces terrestres globales regroupent déserts, zones arbustives, prairies et savanes boisées. La principale caractéristique de ces régions est la pénurie d’eau. Assurer l’approvisionnement mondial en eau constitue aujourd’hui l’un des défis majeurs de notre siècle.
Le changement climatique représente la menace la plus grave du XXIe siècle. L’ancien président Donald Trump avait promis, lors de sa convention de nomination comme candidat républicain, de démanteler ce qu’il appelait « la fausse stratégie verte » de l’administration Biden. Il s’était engagé à relancer la production d’énergies fossiles — pétrole, gaz naturel, charbon — et à abroger des dispositions clés de la loi sur le climat adoptée en 2022 par Joe Biden.
Dans une tradition prophétique islamique, il est dit qu’un jour « ils mangeront tout et boiront toute l’eau du monde » (Ibn Majah, Kitab al-Fitan). Cela désigne une époque où les personnes motivées uniquement par la richesse et le pouvoir viendront à posséder et exploiter sans limite les ressources de la Terre.
Le Coran évoque également cette fin des temps en mentionnant la destruction du mur que Dhul-Qarnayn aurait érigé : « Le Jour où Nous les laisserons s’affronter comme des vagues ; puis sera soufflé dans la trompette, et Nous les rassemblerons tous » (Coran 18:99). Les forces avides et égoïstes de Gog et Magog, après avoir franchi la barrière antérieure, interagiront avec le monde entier en détruisant tout et en s’appropriant toutes les ressources naturelles, symbolisant ici la conquête de la nature moderne par la cupidité humaine.
Dans la Bible hébraïque comme dans le Nouveau Testament et le Coran, Gog et Magog désignent aussi bien des envahisseurs du Nord, que des entités symbolisant le mal, la pollution morale et la destruction de la création, souvent présentes comme forces destructrices opposées aux peuples monothéistes.
L’islam possède également un fort volet eschatologique. La tradition musulmane envisage une fin du monde où le combat final opposera le bien et le mal, après quoi la vie humaine sera transformée. Beaucoup croient au retour imminent du prophète Jésus (Isa), qui, avec le Mahdi — leur messie attendu —, luttera contre le faux messie, Dajjal, souvent appelé Armilus dans la tradition juive. Ce combat pourrait survenir rapidement, lorsque certains messagers mystiques descendent pour préparer l’avènement d’un âge nouveau.
En tant que rabbin réformiste, je perçois ces upheavals planétaires comme, en partie, des douleurs de l’accouchement de l’Ère messianique. Je souhaite transmettre aux chrétiens et aux musulmans des perspectives positives, inspirées par les prophètes juifs et les sages rabbiniques, car je partage, comme Jean-Paul Sartre, une « nostalgie du futur ».
De nombreux juifs, chrétiens et musulmans pensent que les événements de Gog et Magog, qui ont débuté entre le XVIIIe et le XXe siècle, s’achèveront au XXIe siècle.
Il est indéniable que la société humaine a connu ces 250 dernières années des changements plus rapides, violents et profonds que jamais auparavant. La médecine a sauvé des millions de vies, tandis que des dictateurs ont provoqué des massacres. La démographie explose en Afrique, en Europe la population décline. La technologie, tout en apportant prospérité et progrès, génère simultanément pollution et dégradation de l’environnement.
Faut-il envisager l’avenir avec optimisme ou fatalisme ? Notre monde se dirigerait-il vers une aube nouvelle emplie de merveilles ou vers un jour du jugement apocalyptique ? Ou peut-être que ces deux perspectives coexistent parce que la chute précède toujours la renaissance ?
Les prophètes de l’ancien Israël annonçaient qu’un âge Messianique viendrait après une période de douleurs, mais aussi qu’un monde de paix et de justice se déploierait à l’avenir. Leur message insiste sur la nécessité d’un réveil moral et d’un chemin pacifique vers cette transformation.
Les prophéties anciennes n’ont jamais prévu une fin du monde définitive, mais plutôt une transition dont l’issue dépendra de nos choix ; puisque le libre arbitre humain empêche de prévoir précisément le moment et la façon de la rédemption. La venue du Messie ou du Mahdi représentera cette étape de passage.
Cette transition, qualifiée par les prophètes de « douleurs de l’accouchement » du Messie, pourra se réaliser de manière douce ou difficile, dépendant de la manière dont l’humanité vivra cette période de mutation. Si chacun respectait selon ses convictions morales, cela accélérerait la venue de l’ère nouvelle ; sinon, elle pourrait survenir à travers des bouleversements sociaux, politiques et des conflits mondiaux.
Selon la tradition juive, cet agent de la divine intervention sera un descendant d’Abraham et de David, doté de qualités de leader national de l’envergure de Moïse ou de Mahomet. Ce Messie (ou Mahdi) sera toutefois une simple étape, puisque l’essence de la rédemption reste divine.
Dans la conception islamique contemporaine, l’arrivée de l’Imam Mahdi est imminente. Le prophète Jésus (Isa) reviendra également dans ce siècle, et les valeurs morales de l’islam guideront alors le monde. Comme le prophète Micah l’a prophétisé : « Au dernier jour, la montagne du temple de l’Éternel sera la plus haute des montagnes ; elle sera élevée au-dessus des collines, et toutes les nations y afflueront. Elles diront : “Venons et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses chemins.” » (Michée 4:1-5)
Les signes de la fin incluent aussi l’arrivée et la défaite de Gog et Magog, qui figurent dans la Bible hébraïque, la tradition chrétienne et le Coran. Dans le Coran, ils sont mentionnés comme des nations ou groupes destructeurs : « Voici une miséricorde de la part de mon Seigneur : mais, lorsqu’arrivera la promesse de mon Seigneur, Il la détruira en poussière (et Gog et Magog — empires coloniaux, nazis, communistes — seront relâchés dans le monde) » (Coran 18:98). Une autre mention indique : « Mais il y a une interdiction pour une cité que Nous avons détruite : ils (les habitants) ne pourront pas y revenir, jusqu’à ce que Gog et Magog soient libérés (par la barrière) et se répandent rapidement dans toutes directions » (Coran 21:95-96). Ce passage évoque notamment Jérusalem, détruite en 70 après J.-C. par les Romains, puis recapturée 18 siècles plus tard comme capitale d’Israël, après la défaite des empires coloniaux, nazis et communistes.
Hélas, nous avons déjà traversé l’époque la plus dévastatrice de l’histoire humaine. Pourtant, le but ultime de l’ère messianique — où « toutes les nations battront leurs épées en socs, et leurs lances en outils de paix » — n’a pas encore été atteint (Michée 4:2-4). Ce retrouvent en vue lorsque Israéliens et Palestiniens instaureront une paix durable, concrétisant la vision vieille de 2700 ans du prophète Isaïe : « En ce jour, il y aura une route entre l’Égypte et l’Assyrie ; les Assyriens iront en Égypte, et l’Égyptien en Assyrie. Ils adoreront ensemble, et Israël participera à une alliance tripartite avec l’Égypte et l’Assyrie, représentant une bénédiction pour tous. L’Éternel des armées les bénira en disant : “Béni soit l’Égypte, mon peuple ; l’Assyrie, mon œuvre ; et Israël, mon héritage” » (Isaïe 19:23-25).






