Plus de 70 manifestants, parmi lesquels d’anciens et d’actuels employés de Google, ont organisé une manifestation puissante au siège des Nations Unies à New York ce lundi. Leur objectif était d’exiger la fin de l’appui que l’ONU apporte aux entreprises technologiques fournissant des technologies d’intelligence artificielle (IA) à l’armée israélienne.
Cette protestation, orchestrée par la campagne No Tech for Apartheid, a appelé l’ONU à couper ses liens avec les sociétés accusées de favoriser ce qu’ils qualifient de génocide à Gaza.
Les manifestants étaient vêtus de tenues à forte portée politique, certains arborant des inscriptions en arabe. Ils ont scandé des slogans et brandi des pancartes proclamant « Non à l’IA pour le génocide », en référence aux outils alimentés par l’IA et aux systèmes de surveillance rapportés utilisés par l’armée israélienne lors de ses opérations à travers Gaza. Selon des témoins, des agents de sécurité de l’ONU auraient tenté de faire pression sur les manifestants pour qu’ils retirent des vêtements portant des messages politiques, ciblant particulièrement ceux portant du texte en arabe, ce qui a suscité des inquiétudes quant à une éventuelle discrimination raciale ou politique.
Malgré leur évacuation forcée du bâtiment, les protestataires se sont regroupés à l’extérieur et ont poursuivi leur piquetage, appelant l’ONU à mettre en œuvre les recommandations d’un rapport récent publié par la rapporteure spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese. Ce rapport, publié plus tôt ce mois-ci, détaille la manière dont d’importantes sociétés technologiques telles que Google, Amazon, Microsoft, HP, IBM et Palantir auraient directement contribué à l’occupation illégale d’Israël et à son assaut continu contre Gaza via leurs capacités en cloud computing, surveillance et IA.
Ce rapport a attiré l’attention internationale et déclenché des réactions politiques. Plutôt que de défendre leur experte juridique désignée, l’ONU a pris ses distances face à ses conclusions. Par ailleurs, le gouvernement américain a imposé des sanctions à Albanese pour avoir dévoilé le rôle des grandes entreprises technologiques dans la facilitation de crimes de guerre.
De manière ironique, seulement quelques jours après la publication de ce rapport, le sommet annuel de l’ONU sur « AI for Good » a eu lieu à Genève, réunissant et honorant des dirigeants de ces mêmes entreprises incriminées par Albanese. Selon des activistes, cet événement a permis à ces sociétés de redorer leur image internationale tout en restant impunies pour leur rôle dans le massacre massif de Palestiniens.
« Comment l’ONU peut-elle prétendre défendre les droits de l’homme tout en récompensant ceux qui alimentent l’occupation et la guerre ? » a demandé Noor Khalil, ancienne employée de Google et participante à la manifestation. « Ces entreprises développent des systèmes qui permettent la surveillance de masse et le ciblage automatisé — des outils qui sont aujourd’hui utilisés contre une population entière. »
Depuis des années, des employés de Google et Amazon s’organisent pour protester contre leurs contrats avec l’armée israélienne, notamment dans le cadre du controversé projet Nimbus, un accord de cloud computing d’un milliard2 de dollars avec le gouvernement israélien. Selon eux, leurs démarches pour soulever des préoccupations éthiques ont été confrontées à des représailles et à un silence de la part des dirigeants de ces sociétés.
Ce rassemblement à l’ONU s’inscrit dans une demande croissante à l’échelle mondiale en matière de responsabilisation — non seulement des gouvernements, mais aussi des entreprises qui tirent profit de la guerre. Les défenseurs des droits humains et les groupes de solidarité avec la Palestine appellent désormais l’ONU à agir en exigeant notamment :
– La reconnaissance publique des conclusions du rapport d’Albanese,
– La rupture avec les sociétés impliquées dans les opérations militaires israéliennes,
– La cessation d’événements qui minimisent le rôle des grands acteurs technologiques dans les zones de conflit,
– La protection de leurs experts juridiques contre des sanctions motivées politiquement.
Selon Zayn Malik, défenseur des droits palestiniens ayant assisté à la manifestation, « Au lieu de protéger les profiteurs de guerre, l’ONU doit respecter son propre mandat de sauvegarde du droit international et des droits de l’homme. Il est temps d’avoir une clarté morale, et non des alliances avec des entreprises. »
Alors que la catastrophe humanitaire à Gaza empire, le silence — ou la complicité — des institutions mondiales devient de plus en plus assourdissant. Les manifestants, comme ceux de l’ONU hier, réclament non seulement de l’attention, mais aussi des actions concrètes pour faire face à cette crise.






