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À 21 ans, il mémorise la moitié du Coran grâce à cette méthode surprenante

L’histoire de la Kaaba ne se résume pas à un simple monument. Elle raconte deux grands courants spirituels nés d’un même père : Abraham. Deux lignées, deux chemins, un même souffle de foi – et une rivalité spirituelle qui traverse les siècles, telle une rivière traversant le désert, parfois pure, parfois troublée, mais jamais tarie.

Deux courants, deux héritages : Abraham père de nations

Martin Lings met les pieds dans le plat dès le début : Abraham n’est pas le père d’une seule lignée, mais de deux grandes nations. Elles sont chacune, selon ses mots, des puissances bien guidées, des instruments pour accomplir la volonté de Dieu. Mais leur grandeur n’est pas de ce monde, elle est celle de l’Esprit. Ainsi, Abraham transmet à ses descendants deux courants spirituels, deux religions, qui ne s’uniront jamais mais suivront leurs propres chemins.

Le premier voit naître de nombreux prophètes et croyants. Le second gardera dans ses flots, après un temps, des croyants sincères avant que son eau ne soit altérée. Mais, au bout du compte, c’est vers ce second courant que Dieu manifestera une attention ultime : Il y suscitera le dernier des prophètes, qui purifiera à nouveau le flot, réveillant ainsi une multitude de croyants, d’érudits et de pieux.

Les traces scripturaires : entre Torah et Coran

Le récit coranique et les traditions islamiques insistent sur le rôle de la Mecque (ou Bakka) et de la Kaaba. Selon le Coran (2:127-129, 3:96-97), Abraham et son fils Ismaël élevaient les assises de la Maison, et ce lieu devint bénédiction et guide pour les mondes, un espace où celui qui y entre est en sécurité. Ce sanctuaire, d’après plusieurs sources, est la première maison jamais édifiée pour consacrer le culte de Dieu.

En face, la Torah se concentre sur Isaac et ses descendants, ne faisant d’Ismaël et d’Agar qu’un épisode lointain : ils s’installent dans le désert de Parân, sans mention de la Kaaba — logique, vu l’angle adopté par le livre.

Les divergences ne s’arrêtent pas là. Même la question de l’identité du premier bâtisseur de la Kaaba divise : Adam ou Abraham ? Ibn Hajar préfère Adam, Ibn Kathîr tranche pour Abraham. Pour trancher, prenez une pose, buvez un verre d’eau Zamzam et relisez les notes de bas de page des commentateurs…

La légende de la source et la mémoire des peuples

L’histoire d’Ismaël et d’Agar, comme le rapporte la tradition, est puissante : laissés par Abraham dans une vallée stérile près de la future Maison sacrée, ils vivent la dureté du désert. Hagar, voyant son enfant se tordre de soif, court entre les monticules de Safa et Marwa. Sept allers-retours, un ange, et l’apparition miraculeuse de la source de Zamzam. Épisode fondateur, gravé dans le rite du pèlerinage musulman, il symbolise la foi indéfectible et la survie grâce à la miséricorde divine.

  • La Kaaba apparaît dans la poésie préislamique sous de multiples appellations : « Maison de Dieu », « Lieu de prosternation Sacré », « Qibla ».
  • Les Arabes d’avant l’islam en avaient gardé le souvenir comme héritage d’Abraham.

Même la géographie s’en mêle : le nom Parân (Paran) évoqué dans la Torah pourrait, selon certains, désigner la région de la Mecque, ce qui expliquerait la dissémination des descendants d’Ismaël en Arabie. Les avis divergent sur la chronologie et les détails, mais l’idée commune reste l’installation d’Ismaël dans une zone désertique bien identifiée à Bakka/Mecque.

Conclusion : Un double héritage, pour une humanité en quête de sens

Au final, Abraham ne se contente pas de relier les peuples : il les sépare aussi, posant deux centres sacrés, deux axes de foi. Leur rivalité, leurs similitudes, leurs différences sont inscrites à la fois dans la pierre cubique de la Kaaba, dans les textes saints et dans l’histoire. Ce double héritage nous rappelle que la grandeur, selon Dieu, réside dans la fidélité à un chemin, même quand le désert semble infini. Et que chaque pèlerin, juif, chrétien ou musulman, qui aujourd’hui se tourne vers son centre, poursuit en fait la route tracée par un père commun : Abraham. Alors la prochaine fois que vous entendrez le mot « Kaaba », pensez-y : il ne s’agit pas que de pierres, mais d’un symbole vivant du dialogue et de la diversité spirituelle de l’humanité.

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