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Pourquoi les minorités religieuses étaient-elles persécutées au Moyen Âge ? Découvrez-le

Pourquoi les minorités religieuses étaient-elles persécutées au Moyen Âge ? Découvrez-le

Le poids de l’uniformité religieuse : une longue histoire française

Imaginez un pays où la différence n’est pas franchement la bienvenue… Voilà à quoi ressemblait la France médiévale concernant la question religieuse. Ce n’est pas par simple goût du drame, mais le Moyen Âge est marqué par une domination idéologique de l’Église catholique, férocement jalouse de son monopole sur les esprits. À ses côtés, les souverains cherchent sans cesse à affirmer leur autonomie face à cette autorité centrale, tissant une histoire pour le moins mouvementée.

Entre tolérance relative et exclusion : la place précaire des Juifs

La minorité religieuse la plus ancienne en France ? Les Juifs, évidemment, débarqués en Gaule dès le premier siècle avec les légions romaines. Leur présence est attestée dans de nombreuses cités antiques.

  • Après les invasions barbares, leur sort balance : parfois malmenés à l’époque mérovingienne, ils éprouvent quelques meilleures années sous les Carolingiens. Des centres d’études hébraïques brillent à Paris, Troyes, Rouen, Narbonne…
  • Mais la stabilité n’est qu’un mirage. Leur existence est sans cesse précaire, cadrée par des conciles qui réglementent, condamnent ou expulsent. Pourtant, ils ne subissent pas d’éradication systématique, malgré une judéophobie latente et ancienne portée par l’Église. Précautionneux ou hypocrite, à vous de juger…

Le Moyen Âge avance, et leur condition chute. Dès le XIe siècle, leur situation se dégrade :

  • Accusés de meurtres rituels, victimes d’exécutions, forcés à la résidence dans des quartiers particuliers.
  • Sous Philippe Auguste, puis Saint Louis, on expulse, on humilie (ah, ce fameux bonnet pointu et la rouelle jaune, accessoires très peu tendance imposés à la fin du règne de Saint Louis).
  • Aux heures noires du XIVe siècle, la France bataille dans la Guerre de Cent Ans, la Peste Noire rôde et – malheur supplémentaire – les Juifs sont accusés d’empoisonner les puits. Résultat ? Massacres, expulsions jusqu’en 1359, courte autorisation de séjour ensuite… et nouveau bannissement en 1394.

Heureusement, les frontières du royaume n’englobaient pas tout l’actuel territoire français. Beaucoup se réfugient en Alsace, Lorraine, dans des fiefs indépendants comme la Provence, ou dans les terres papales autour d’Avignon. Au fil des siècles, au gré des rattachements, ils intègrent de nouveau le giron français :

  • Rattachement du Dauphiné (XIVe-XVe siècles), Provence (1481-1486), Comtat Venaissin et Avignon (seulement en 1791).
  • Arrivée de Juifs expulsés d’Espagne en 1492, réception mitigée sous Henri II (statut d’étrangers, situation floue).
  • Intégration des Juifs ashkénazes à Metz, Toul et Verdun ; lente renaissance de la communauté juive parisienne.

Hérésie cathare : quand la « différence » est chrétienne mais insupportable

Il serait injuste de croire que seuls les Juifs essuient des persécutions du fait de leur foi. La grande affaire religieuse du Moyen Âge français est l’« hérésie cathare », ou « albigeoise » : un duel épique entre la doctrine officielle et le dualisme venu d’Iran via l’Arménie, l’Anatolie, les Balkans…

Tout démarre au début du XIe siècle avec la propagation de ces idées le long des routes commerciales. Ça s’installe vite dans des zones où l’échange bat son plein : en France, en Champagne et surtout dans le Midi. Toulouse brille comme capitale de cette tendance, mais c’est la voisine Albi qui donne son nom aux fameux « Albigeois ».

  • Ce n’est plus l’affaire de petites communautés isolées : des clercs, des évêques, des notables chrétiens prônent des positions doctrinales différentes, créant même de véritables îlots hérétiques puissants.
  • D’où une réaction immédiate : condamnations répétées lors de conciles, puis appel au bras séculier (traduction : l’armée !).

Vous imaginez la Croisade contre des villages voisins ? C’est ce qui arrive quand l’Église catholique décide de traiter les terres cathares comme des contrées « infidèles », à conquérir, redistribuer, nettoyer…

  • Simon de Montfort, chef militaire, mène les combats féodaux, conquiert, mais meurt en 1218. L’annexion du comté de Toulouse prendra des décennies, se soldant seulement en 1271.
  • Mais l’hérésie s’entête. L’Église passe à la méthode inquisitoriale, nouvelle et pointue, confiée aux frères prêcheurs de saint Dominique. Le bras séculier local (notamment Raymond VII…) leur prête main-forte.
  • Point culminant : le siège sanglant du château de Montségur (1243-1244), où mille cathares trouvent refuge et où deux cents sont brûlés pour ne pas avoir abjuré.

Après ce bain de sang, plus de déviation doctrinale aussi spectaculaire en France jusqu’à la modernité. L’ordre catholique règne… et les Juifs restent la principale minorité religieuse « administrée » par l’État naissant.

Conclusion : une « gestion » musclée de la diversité religieuse

À bien y regarder, pourquoi tant de zèle ?

  • Parce que l’uniformité religieuse est jugée indispensable à la cohésion du royaume, que la différence dérange et qu’on préfère souvent l’expulsion ou la flamme au compromis.
  • Parce que l’alliance fluctuante de l’Église et du pouvoir royal, parfois complices, parfois rivaux, ne laissait qu’une mince marge à la diversité.

Leçon à retenir ? Dans ce contexte, la moindre divergence religieuse faisait figure de provocation. Aujourd’hui, tâchons de laisser à la différence la place qu’elle mérite – pas dans un quartier à part ou derrière un bûcher, mais dans le respect, avec humour et curiosité… et sans bonnet pointu !

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Avatar de Abdelhafid Akhmim