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Pourquoi il est normal de chanter l’Hymne National en espagnol

Les réactions face aux petites choses en Amérique peuvent parfois sembler excessives. C’est ce qui s’est produit le mois dernier lorsque la chanteuse Nezza a interprété l’hymne national américain en espagnol au Dodger Stadium. Il s’agissait exactement des mêmes paroles, mais dans une langue différente.

En réalité, la majorité des Américains parlent l’anglais, et le pays se définit comme un melting-pot culturel. Par conséquent, il serait souhaitable que chacun cesse de s’énerver pour des détails insignifiants, afin que tout le monde puisse vivre plus sereinement.

Nezza a ensuite expliqué que sa décision de chanter en espagnol était une réponse à l’atmosphère tendue à Los Angeles, où des descentes récentes de l’ICE contre des immigrants et des étudiants étrangers ont suscité une vive révolte publique et des manifestations.

Il est important de préciser ici que la version en espagnol qu’elle a interprétée n’était pas une création récente. Elle avait été initialement commandée par le Département d’État américain en 1945, sous l’administration du président Franklin D. Roosevelt.

L’artiste, âgée de 30 ans et nommée Vanessa dans la vie de tous les jours, a chanté cette version sur le terrain avant le match des Dodgers contre les San Francisco Giants. Il est peu probable que certains critiques auraient réagi de la même façon si une autre personne avait interprété l’hymne en allemand ou en italien. Ce comportement témoigne d’un biais culturel plutôt que d’un patriotisme sincère.

Nezza a été rémunérée pour cette prestation. Elle a affirmé défendre son identité ethnique en tant qu’Américaine d’origine mexicaine. Si cette expression de fierté ne plaît pas, qu’on essaie de la poursuivre en justice ! Alors que Donald Trump a pu envoyer des avions pour bombarder l’Iran sans déclaration de guerre, qu’il a soutenu Israël dans son génocide à Gaza depuis 20 mois, et qu’il a menacé d’éliminer ethniquement Gaza, certains clans MAGA veulent encore lancer des pierres ? C’est du grand n’importe quoi !

Il faut également rappeler qu’en réalité, il existe un décret exécutif signé par Trump le 1er mars 2025, qui établit l’anglais comme langue nationale. Cependant, ce décret n’est pas une loi adoptée par le Congrès américain. La même logique s’applique à l’Ordre Exécutif 2020 de Trump, qui interdisait certains voyages musulmans. La cour l’a jugé illégal et anticonstitutionnel.

Pour dissimuler cette réalité, lors du deuxième et dernier décret, le président a inclus Cuba et le Venezuela pour éviter l’impression que seules les nations musulmanes étaient ciblées. Ironiquement, l’Arabie saoudite n’a pas été concernée par ce décret. En somme, les décrets présidentiels ne sont que des recommandations ou des interprétations des lois, mais ce ne sont pas des lois en soi.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, il n’existe pas de langue officielle unique aux États-Unis. La langue la plus courante reste l’anglais, différenciée suffisamment du britannique pour en faire une variante spécifique, mais il n’existe aucune obligation légale de la parler. D’ailleurs, des lois exigent que certains documents officiels soient disponibles en plusieurs langues.

Selon les dernières statistiques, un tiers des membres de nos forces armées sont étrangers. Si la société américaine veut montrer du respect envers les sacrifices et les contributions des minorités, pourquoi ne pas symboliquement reconnaître qu’ils peuvent lire, chanter ou réciter l’hymne national ou le serment d’allégeance dans leur langue maternelle ?

En 2013, Tom Lopez, directeur du lycée Rocky Mountain à Fort Collins, Colorado, a reçu des menaces de mort de parents après avoir autorisé la lecture du Poème d’Allégeance dans diverses langues étrangères, notamment l’arabe. La principale objection portait encore une fois sur la version arabe.

Il avait alors répliqué : « C’est très américain, et ce n’est pas anti-américain. » Ajoutant : « Lorsqu’on prête allégeance aux États-Unis, c’est précisément ce que l’on fait : on utilise une autre langue pour exprimer cette loyauté. »

Il faut rappeler que l’anglais n’est PAS la langue officielle des Amériques ni même des États-Unis. C’est une langue importée, différente du britannique, et non indigène à cette terre. La déclaration de Nezza lors du match des Dodgers, « No ICE, No KKK, No Fascist USA, pour sauver notre démocratie », témoigne de l’importance de respecter la diversité culturelle. Il n’y a donc rien de mal à interpréter l’hymne national en espagnol.

Mahmoud El-Yousseph, freelancer palestinien et vétéran de l’USAF à la retraite, conclut : il est légitime d’affirmer qu’il n’y a pas de problème à chanter dans la langue de ses origines, surtout dans un pays aussi multiculturel que les États-Unis.

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