Alors que l’attention médiatique se concentre sur l’intensification du conflit entre Israël et l’Iran, une réalité importante est souvent ignorée : l’Iran abrite la plus grande communauté juive du Moyen-Orient en dehors d’Israël. Malgré les tensions politiques entre ces deux pays, environ 17 000 à 25 000 Juifs y vivent encore aujourd’hui, perpétuant une culture et un patrimoine qui remontent à plus de 2 500 ans.
Les origines historiques de la présence juive en Iran
Les Juifs sont arrivés dans cette région à la suite de captivités lors des conquêtes des empires assyrien et babylonien. Selon une légende juive, le premier Juif à pénétrer en Perse fut Sarah bat Asher, une petite-fille du prophète Jacob, ce qui souligne la profondeur des racines spirituelles et historiques de la communauté juive dans cette région.
La communauté juive iranienne aujourd’hui
De nos jours, cette communauté est principalement concentrée dans de grandes villes telles que Téhéran, Ispahan, Shiraz, Hamedan et Tabriz. Ces localités abritent non seulement des synagogues mais aussi des écoles, des centres communautaires et des cimetières juifs, témoignant d’une présence ancienne et persistante. Il existe plus de 100 synagogues en Iran, dont plus de 30 à Téhéran, certaines datant de plusieurs siècles, comme celles de Yusuf Abad et Darvazeh Dolat.
Reconnaissance officielle et représentation politique
La constitution iranienne reconnaît officiellement le judaïsme comme religion minoritaire, aux côtés du christianisme et du zoroastrisme. La communauté juive bénéficie également d’un siège réservé au parlement iranien (Majlis), actuellement occupé par Homayoun Sameyah Najaf Abadi. Cette représentation légale leur offre une voix formelle dans la vie nationale, ce qui reste une rareté dans la région.
Réactions aux tensions géopolitiques
Suite aux attaques israéliennes contre l’Iran en octobre 2024, Homayoun Sameyah Najaf Abadi a dénoncé publiquement le soutien des États-Unis et de certains pays européens à Israël. Il a affirmé : « Le promoteur de ce conflit et de ces hostilités est le régime sioniste, qui n’a cessé d’engager des actes d’assassinat et de sabotage. »
Le patrimoine spirituel et culturel juif en Iran
Sur le plan symbolique et spirituel, l’héritage juif en Iran demeure profondément enraciné. À Ispahan, un centre historique de la vie juive dans le pays, se trouve la synagogue Ezra Yaghoub, située près d’une mosquée nommée Al Aqsa, illustrant des siècles de coexistence. À Téhéran, l’hôpital Dr. Sapir, dirigé par des Juifs, symbolise la coopération interconfessionnelle en offrant des soins médicaux à l’ensemble de la population iranienne, peu importe la religion ou l’origine.
L’identité et le patriotisme face à la politique étrangère
Malgré l’hostilité affichée au niveau de l’État entre Israël et l’Iran, de nombreux Juifs iraniens différencient leur identité et leur patriotisme de la politique étrangère. Ils insistent souvent sur leur loyauté envers l’Iran et leur souhait de vivre en paix en tant que citoyens iraniens.
Une histoire ancienne de présence juive
Historiquement, la présence juive en Perse remonte à l’exil babylonien. Des figures bibliques telles qu’Esther et Mardochée occupent une place centrale dans l’identité judéo-perse, et leur sanctuaire à Hamedan demeure une destination de pèlerinage pour des Juifs du monde entier.
Un conflit qui dépasse la politique
En définitive, il est crucial de ne pas perdre de vue la réalité vécue par la communauté juive iranienne dans ce contexte de conflit entre Israël et l’Iran, impliquant aussi les États-Unis. Ce conflit constitue une forme d’agression contre l’ensemble du peuple iranien, y compris ses citoyens juifs, et a des répercussions qui vont bien au-delà des enjeux politiques.