Faisons le point : au cours des dernières 24 heures, au moins dix autres Palestiniens sont morts de faim à Gaza, portant le bilan total des personnes décédées par affamement à 111, dont plus de 80 enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ces chiffres déchirants ne cessent de croître chaque jour, alors que des organisations humanitaires, des groupes de défense des droits humains et des gouvernements lancent des alertes urgentes face à ce qu’ils qualifient de famine artificielle, délibérément imposée par le blocus et les bombardements continus d’Israël.
Plus de 109 organismes humanitaires, parmi lesquels Médecins Sans Frontières (MSF), Save the Children et Oxfam, ont uni leur voix dans une déclaration commune pour dénoncer cette catastrophe humanitaire comme étant « impardonnable », et exigent une action immédiate afin d’arrêter la souffrance de plus de 2 millions de personnes à Gaza.
Une travailleuse humanitaire a témoigné, révélant la détresse profonde des jeunes : « Des enfants disent à leurs parents qu’ils veulent aller au paradis, parce qu’au moins au paradis, il y a de la nourriture. » Ces paroles illustrent la désespérance qui gagne la jeunesse de Gaza.
UNRWA : « Le monde assiste à un crime qui se déploie »
Sam Rose, directeur par intérim des affaires de l’UNRWA à Gaza, a confié à Al Jazeera que la situation est « inacceptable et impardonnable » : « Nous avons du personnel qui s’évanouit de faim. Certains ont des enfants qui meurent de faim chez eux. Les gens s’effondrent dans les rues. Ce qu’on leur demande de supporter dépasse ce que tout humain devrait endurer. »
Selon l’UNRWA et d’autres agences de l’ONU, le contrôle strict d’Israël sur l’entrée de l’aide a rendu quasi impossible la livraison suffisante de nourriture, de médicaments ou de carburant. Malgré une condamnation mondiale largement répandue, la campagne militaire israélienne se poursuit sans fin apparente.
Une guerre contre la nourriture : Humanitaires tirés dessus, civils tués
Depuis le 27 mai, plus de 1 050 Palestiniens cherchant de la nourriture ont été tués par les forces israéliennes, selon l’ONU. Parmi eux, 766 sont morts près des sites humanitaires gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) — un mécanisme controversé soutenu par Israël et les États-Unis — et 288 près des convois de l’aide des Nations Unies.
Une déclaration conjointe d’ONG alerte : « Les médecins constatent un pic de malnutrition aiguë. Les marchés sont vides. Les déchets s’accumulent. Des adultes tombent dans la rue de faim et de déshydration. »
La GHF, fortement critiquée, est devenue un point sensible de violences. Les zones militaires israéliennes encerclent ses sites, et des opérateurs de sécurité américains auraient utilisé des gaz lacrymogènes et du poivre contre des civils affamés. Un ancien garde de sécurité de la GHF a témoigné auprès des médias israéliens avoir été témoin d’abus inquiétants envers des personnes en détresse.
Israël nie sa responsabilité, accuse le Hamas
Malgré des preuves accablantes, les responsables israéliens continuent de rejeter toute accusation de famine et imputent la pénurie à des sabotages orchestrés par le Hamas, affirmant que l’aide est délivrée normalement.
David Mencer, porte-parole israélien, a déclaré : « Il n’y a pas de famine causée par Israël. Il s’agit d’une pénurie artificielle fomentée par le Hamas. »
Ces commentaires alimentent la colère mondiale. Beaucoup critiquent le blocus israélien et le ciblage des convois d’aide comme étant au cœur de la famine en cours.
Réactions internationales : gouvernements et société civile prennent la parole
De Ramallah à Bagdad, les manifestants montrent leur solidarité avec Gaza. En Irak, le gouvernement a condamné les actions d’Israël dans le cadre d’une « politique systématique et inhumaine d’étouffement » ; au Brésil, des responsables ont annoncé leur intention de rejoindre officiellement la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël auprès de la Cour internationale de justice (CIJ).
Le ministère brésilien a affirmé : « Il n’y a plus de place pour l’ambiguïté morale ou l’inaction politique. La communauté internationale ne peut rester passive face à ces atrocités en cours. »
Aux États-Unis, le Conseil des relations américano-islamique (CAIR) appelle le Congrès à couper l’aide militaire à Israël, déclarant : « Chaque dollar envoyé à Israël renforce la fermeture autour du cou de Gaza. »
Une nation qui dépérit
Les hôpitaux gazaouis sont submergés par une hausse alarmante d’enfants et de personnes âgées souffrant de malnutrition sévère ou de déshydratation, beaucoup arrivant trop tard pour recevoir un traitement adapté. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 100 000 femmes et enfants sont en état de malnutrition aiguë sévère et nécessitent une intervention urgente.
Le Dr Ahmad al-Farra, chef du service pédiatrique à l’Hôpital Nasser de Khan Younis, témoigne : « Nous craignions d’arriver à ce point — et c’est déjà le cas. Certains enfants meurent avant même que nous puissions leur venir en aide. »
Que va-t-il se passer ensuite ?
Malgré l’ampleur des pertes humaines, l’offensive israélienne se poursuit. Le siège reste en place, et les enfants de Gaza continuent de mourir de faim pendant que le monde débat des termes, des politiques et des responsabilités.
Tandis que les travailleurs humanitaires et les civils font la queue pour de la nourriture— affamés, blessés, réduits au silence— une ligne morale cruciale est en train d’être franchie. Celle qui pourrait à jamais marquer le lourd héritage de ce conflit.






