Les Évangéliques soutenant la guerre comme destin divin
L’article examine la manière dont de nombreux Évangéliques américains considèrent que la guerre à venir — notamment celle impliquant Israël et l’Iran — n’est pas seulement justifiée, mais qu’elle serait également prophétiquement ordonnée par Dieu. Ils interprètent le conflit qui se déploie comme faisant partie d’une prophétie biblique annonçant la fin des temps, avec le retour de Jésus-Christ en ligne de mire.
Des figures évangéliques telles que Mike Huckabee et Glenn Beck sont citées en exemple pour illustrer comment ces personnalités publiques encouragent la guerre, la présentant comme une « guerre de Dieu ». Huckabee, dans un message relayé par Donald Trump, affirme que Trump a été « épargné » par Dieu pour remplir un rôle prophétique, le comparant à Truman en 1945 et soulignant que sa mission est « divinement confiée ».
Bases théologiques : la prophétie de Gog et Magog
Le cœur de cet enthousiasme évangélique repose sur la prophétie biblique de Gog et Magog, que l’on retrouve dans Ézéchiel 38-39 ainsi que dans Apocalypse 20. Selon de nombreux chrétiens dispensationalistes, Israël actuel correspond à Israël selon la Bible. Les nations telles que l’Iran (Perse), la Russie, la Turquie, ainsi que leurs alliés formeraient la coalition de Gog.
Une guerre d’ampleur contre Israël est attendue, qui devrait provoquer le retour de Jésus-Christ, lorsque Dieu interviendra de façon surnaturelle et vaincra les ennemis d’Israël. La croyance évangélique veut que le soutien militaire des États-Unis à Israël joue un rôle divin dans cette prophétie, servant d’instrument de protection divine.
Remise en question de l’interprétation majoritaire
Kim Iversen remet en question cette lecture théologique : elle s’interroge pour savoir si Israël moderne correspond réellement à la description prophétique. Ézéchiel évoque en effet « un pays de villages sans murailles », paisible et insouciant, une image qui ne correspond pas à l’Israël actuel, fortement militarisé et barricadé. Elle pense plutôt que ce sont peut-être les Palestiniens — qui subissent siège, déplacement et bombardements — qui seraient plus proches de cette description.
Elle avance aussi que ce sont probablement les coalitions puissantes représentées par les États-Unis, Israël, l’OTAN et leurs alliés, qui encerclent et frappent les nations faibles, qui incarnent en réalité la « Gog » de la prophétie.
Recontextualisation spirituelle et morale
Iversen met en garde contre le fanatisme religieux qui pourrait justifier la violence et le génocide. Elle insiste sur le fait que de véritables valeurs chrétiennes doivent s’opposer au massacre, au déplacement massif de populations et à la destruction systématique. Selon elle, certains évangéliques seraient en train de faire un pari théologique dangereux : croire qu’ils sont du côté de Dieu tout en soutenant activement la guerre et l’oppression.
Elle évoque aussi le « Pari de Pascal » pour inviter les croyants à réfléchir : « Si tu as tort en pensant être du côté de Dieu, quelles en seront les conséquences ? »
Différences entre dispensationalisme et vue catholique
Iversen explique brièvement la différence entre les dispensationalistes évangéliques, qui interprètent la prophétie de manière littérale et physique, et les catholiques, qui privilégient une lecture symbolique et spirituelle des prophéties. Malgré tout, certains catholiques ont commencé à embrasser des prophéties impliquant Trump, comme celle du « ermite de Loreto » qui aurait prédit un leader blond ramenant les États-Unis vers Dieu.
Pensée finale : la prophétie comme justification de la violence
L’épisode se termina par une critique acerbe de l’utilisation de la prophétie religieuse pour justifier la guerre, le génocide, et la mise à mort d’enfants. Il dénonce aussi la loyauté envers des figures politiques telles que Trump, sous prétexte de destin divin, ainsi que la dangereuse narration selon laquelle la violence serait un signal de salut.
Kim Iversen met en garde : si les peuples confondent leurs empires avec la divinité et célèbrent la destruction au nom de la prophétie, ils risquent en réalité de servir le mal plutôt que Dieu.
En résumé, l’enthousiasme évangélique pour la guerre, notamment avec l’Iran, repose sur une lecture prophétique de la Bible. Toutefois, selon Kim Iversen, cette interprétation pourrait être profondément erronée, moralement inversée, et utilisée comme prétexte pour justifier la violence et la domination géopolitique sous un faux étendard de justice divine.
Kim Iversen est une journaliste indépendante et animatrice de l’émission The Kim Iversen Show, reconnue pour ses positions tranchées sur la politique, la diplomatie et les récits médiatiques. Diplômée de l’Université de Californie à Davis, elle a commencé dans la radio avant de se faire connaître à l’échelle nationale pour ses commentaires critiques et son travail d’investigation.